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Conjoncture

Les chefs d'entreprise toujours prudents selon la Banque de France

Une fois les commerces réouverts fin novembre et une première étape dans l'assouplissement des mesures passée, l'activité nationale s'est partiellement redressée au mois de décembre, même si l'on peut craindre une énième baisse avec la fermeture des centres commerciaux de plus de 20 000 m2. C'est la conclusion de la note de conjoncture de décembre 2020 de la Banque de France. 

Pour Kathie Werquin-Wattebled, directrice régionale des Hauts-de-France à la Banque de France, "Il ne faudrait surtout pas faire mourir des entreprises viables : ce serait une vraie perte de valeur ajoutée et de compétences."
Pour Kathie Werquin-Wattebled, directrice régionale des Hauts-de-France à la Banque de France, "Il ne faudrait surtout pas faire mourir des entreprises viables : ce serait une vraie perte de valeur ajoutée et de compétences."

Les Hauts-de-France suivent la tendance nationale avec une industrie résistante et qui continue d'investir. Kathie Werquin-Wattebled, directrice régionale des Hauts-de-France à la Banque de France, revient sur la note de conjoncture du mois de décembre 2020. Après la chute brutale des mois de mars/avril et un PIB en baisse de -30% voire de -50% pour les secteurs marchands, l'activité économique régionale s'est inscrite en nette reprise en décembre, même si les secteurs des HCR (hôtels, cafés, restaurants), de la culture, du sport ou encore du monde de la nuit souffrent encore ardemment des fermetures.

« À la différence de la crise de 2008-2009 où l'on se demandait si le système financier allait tenir et même s'il est encore difficile de savoir où nous allons, l'espoir de la vaccination permet aux chefs d'entreprise d'être moins déboussolés. La France fait partie des pays qui ont pu et ont voulu accompagner fortement l'économie. Mais il ne faudrait surtout pas faire mourir des entreprises viables : ce serait une vraie perte de valeur ajoutée et de compétences », craint Kathie Werquin-Wattebled.

L'industrie, une bonne surprise

L'année 2020 a connu une chute globale de 9% du PIB, du jamais-vu. Alors qu'entre 700 000 et 800 000 emplois ont été détruits en France et qu'un pic de chômage a été observé en milieu d'année, la région a été tirée par le haut grâce à son industrie (qui représentait, en 2019, 17,2% des effectifs). En décembre, la production industrielle régionale a nettement augmenté (comme en France), principalement soutenue par la demande étrangère. Si les carnets de commandes demeurent très insuffisants, les chefs d'entreprise maintiennent leurs investissements, un signe plutôt positif dans un contexte incertain.

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Dans l'industrie automobile, les plans d'investissement sont prévus de longue date. © Denis Meunier - Groupe Renault


« Très souvent, les investissements sont une variable qui s'effondre lors d'une crise. L'année 2020 s'est plutôt bien passée dans l'industrie, même si les chiffres sont biaisés par les PGE. Dans l'industrie automobile, les plans d'investissement sont prévus de longue date et ne s'arrêtent pas comme cela du jour au lendemain. » Un bon point puisque l'industrie génère également de nombreux emplois directs et indirects. Le BTP s'en sort plutôt bien aussi, davantage pour le second œuvre qui a renforcé ses effectifs. « Le recrutement reste compliqué dans le BTP parce qu'il est difficile de recruter à distance, cela a été un vrai frein pour les apprentis, les stagiaires... »

« On estime qu'à fin 2022, nous pourrions revenir au PIB global d'avant crise »

Restent les services marchands (41,2% des effectifs régionaux en 2019), qui, à l'exception des restaurants, ont enregistré une progression au mois de décembre, confirmant la tendance haussière enregistrée au niveau national. Néanmoins, les chefs d'entreprise restent mesurés et prudents, tous secteurs d'activité confondus. « Les métropoles sont en général dynamiques sur l'emploi, mais la MEL souffre de son importante tertiarisation et de nombreux secteurs ont fermé. À l'inverse, les secteurs ruraux s'en tirent plutôt mieux. Beaucoup d'entreprises ont sécurisé leur trésorerie et ont conservé les PGE sur leurs comptes et nous estimons que plusieurs d'entre elles vont pouvoir les rembourser dès la première année », remarque Kathie Werquin-Wattebled.

Un retour économique à la normale vers 2022

Même si le coefficient d'incertitude est élevé et que la reprise d'activité reste très disparate, il serait possible de tabler sur une hausse "prudente" du PIB de l'ordre de 5% en 2021 ainsi qu'en 2022. « On estime qu'à fin 2022, nous pourrions revenir au PIB global d'avant crise. Mais il ne faut pas voir dans ces derniers mois, des années perdues : des investissements ont été réalisés, les entreprises se sont transformées, se sont ouvertes à l'omnicanal. La région est équilibrée et nous souffrons moins que des régions comme l'Occitanie avec son aéronautique ou Provence-Alpes-Côte d'Azur avec le tourisme. » Au quatrième trimestre 2020, par rapport au trimestre précédent, la contraction du PIB est estimée à -4%, ce qui laisse inchangée, à -9%, la baisse du PIB en moyenne annuelle pour 2020. Dans beaucoup de secteurs et en particulier les services, l'évolution de l'activité restera très dépendante des mesures sanitaires mises en œuvre.