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Énergies

Le méthaniseur de Feuquières, une belle opération

Se déployant sur quatre hectares, le méthaniseur est opérationnel depuis un an, pour la plus grande satisfaction des trois exploitants agricoles à son origine. Une installation qui permet d’injecter dans le réseau de transport de gaz 370 mpar heure, soit la consommation de 600 foyers.

Le site se développe sur quatre hectares. (c)AgriKomp
Le site se développe sur quatre hectares. (c)AgriKomp

Bertrand Devaux, Simon Trencart et Guillame Delozière, à la tête de la SAS BGS Agri, étaient heureux de faire visiter leur méthaniseur de Feuquières, à l’occasion de portes ouvertes sur deux jours à des professionnels, des élus et au grand public.

À la tête chacun d’une exploitation agricole de 150 hectares, ils avaient envie de faire évoluer leurs fermes autour d’un projet vertueux pour l’environnement. Le passage d’une canalisation de gaz sur le côté d’une pâture les a poussés vers un projet de méthaniseur afin de produire du gaz vert. L’installation, qui emploie deux personnes, se développe sur environ quatre hectares.

Un projet accueilli à bras ouverts

Alors qu’à certains endroits ces projets rencontrent l’opposition de riverains, à Moliens et dans ses environs, il a été accueilli à bras ouverts, comme l’a raconté Jean-Pierre Estienne, le maire de la commune. « Quand ils sont venus me parler de leur projet dans mon bureau, je me suis dit : c'est une bonne idée. On participe à la transition écologique à notre manière, ce sont des jeunes qui voulaient investir. C’était bon pour l’image de marque de notre village. J’ai dit, oui, tout de suite. La population n’a émis aucun avis défavorable. Nous avons échappé à un autre projet de méthaniseur beaucoup plus grand. L'installation est familiale et va très bien dans le paysage. » Il a également rappelé que le projet a nécessité un an et demi de démarches administratives et a remercié les 37 communes qui ont favorablement accueilli le plan d’épandage.

Bertrand Devaux, Simon Trencart et Guillame Delozière, les porteurs de ce projet.

Les trois agriculteurs ont notamment fait confiance à OpusProject, son maître d’œuvre, et à AgriKomp France. « Depuis 2006, nous avons installé 200 méthaniseurs, rapporte Christophe Delommez, technico-commercial en charge du secteur nord, chez AgriKomp. Celui de Feuquières est l’un de nos plus gros. Les exploitants se sont tournés vers nous notamment car nous fabriquons la majeure partie de notre matériel. Tout est conçu par notre bureau d’études. Ici, rien n’est installé au hasard, l’installation est dimensionnée par rapport aux ambitions des agriculteurs. Désormais, nous assurons la maintenance pour la production de biogaz et l’épuration. C’est un gage de tranquillité pour les trois associés. Notre mission est de simplifier le plus possible les opérations. »

« La méthanisation nous permet de diversifier nos revenus »

Concrètement, les matières sont stockées dans des silos et 80% proviennent des trois exploitations agricoles. Le reste des matières est apporté par des coopératives, des agriculteurs extérieurs ,via un incorporateur et selon un certain mix. D'un point de vue technique, les deux premiers digesteurs de 25 mètres de diamètre et de 6 mètres de haut sont alimentés chaque jour par 80 tonnes d’apports : pulpe, ensilage, fumier, déchets de céréales, déchets de légumes, lisier, herbe coupée… Les matières sont brassées entre 40 et 45 °C par des agitateurs à pales. « Tous les jours, il faut aller voir ce qui se passe dans les digesteurs. La biologie est surveillée régulièrement par des analyses en laboratoire », souligne Christophe Delommez.

Les matières sèches rejoignent une plate-forme, comme le montre Christophe Delommez.

Un post-digesteur achève de dégrader la matière. Le gaz est alors acheminé vers un épurateur pour y être traité. Il poursuit son circuit dans un premier compresseur. La pression est alors de 15,5 bar et passe dans des membranes afin d’obtenir une qualité gaz de ville. Dans un second compresseur, la pression monte à 70 bar pour que 370de gaz (soit la consommation de plus de 600 foyers) soient injectés par heure dans le réseau de transport de GRT gaz. Le fournisseur étant notamment Engie. « Ce processus a lieu en l’absence d’oxygène et de lumière. Par une pompe du post-digesteur les matières sèches rejoignent une plate-forme et les liquides, une lagune. La méthanisation est un procédé naturel permettant la production de biogaz par la fermentation de déchets organiques », souligne le technico-commercial, qui entend informer pour combattre les idées reçues.

C'est aussi une une diversification de l'activité agricole. « La méthanisation nous permet de diversifier nos revenus par rapport à un contexte agricole très instable dû à une forte variabilité des prix, explique Bertrand Devaux. Nous souhaitons être de plus en plus autosuffisants en engrais, dont les prix ont flambé. Sans odeur, les digestats permettent de substituer une grosse partie de nos fertilisations minérales et également par la production de cultures intermédiaires à vocation énergétiques comme le seigle. »

Par ailleurs, pour faire face au coût de l’électricité qui grimpe, les trois associés ont investi dans un moteur de cogénération qui produit de l’électricité grâce au gaz et leur permet d’être au deux tiers autonomes. « Pour l’instant, le bilan est positif d’autant que nous avons signé un contrat de vente sur 15 ans », conclut-il.