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Commerce

Le centre-ville d’Amiens toujours attractif malgré la crise

Désignée "meilleur centre-ville des grandes villes moyennes" en 2019, Amiens continue à susciter l’intérêt des enseignes nationales comme des porteurs de projets indépendants, et cela, malgré la crise sanitaire.

Amiens comptait, en 2019, plus de 650 commerces en centre-ville. (@ Aletheia Press/DLP)
Amiens comptait, en 2019, plus de 650 commerces en centre-ville. (@ Aletheia Press/DLP)

« Tous les développeurs et les enseignes nationales connaissent la rue des-3-cailloux, à Amiens. Elle fait partie des références au même titre que la rue Sainte-Catherine à Bordeaux ou la rue du Gros-Horloge à Rouen », explique Constantin de Simencourt, co-dirigeant du cabinet de Simencourt. Désignée "meilleur centre-ville" dans la catégorie "grande ville moyenne" par la Fédération du commerce spécialisé (Procos) en 2019, Amiens, affichait alors plus de 650 commerces pour 55 cellules vides, soit une vacance commerciale inférieure à 8%, le tout pour une zone de chalandise de 350 000 habitants.

« L’équilibre entre commerces de réseau et indépendants qualitatifs, patrimoine, mise en valeur des atouts locaux, diversité marchande et maîtrise de la périphérie expliquent notamment le succès de ce très beau cœur marchand », soulignait la Fédération dans son rapport annuel.

Des commerces fragilisés

Des bons points qui ne doivent cependant pas masquer les turbulences traversées depuis plusieurs années par les commerçants. « Nous avons aujourd’hui un centre-ville qui fait plus que résister, mais il ne faut pas oublier qu’avant la crise sanitaire, les commerçants ont été impactés par les gilets jaunes et les tensions sociales. Ils n’ont pas eu d’exercices sereins depuis plusieurs années », souligne d’ailleurs Constantin de Simencourt. Mais si les acteurs ont été globalement fragilisés, la Covid-19 n’a pour l’instant pas entraîné de fermetures massives.

« Il faudra être très vigilants au moment de la sortie de crise, personne ne sait comment vont se comporter les consommateurs et comment ça reprendra à ce moment-là », note Nathalie Lavallard, élue amiénoise en charge des commerces. Une vigilance prônée également par le cabinet de Simencourt qui n’observe pour l’instant rien d’autre qu’un turn-over normal. « Vous avez des enseignes qui vont moins bien que d’autres, des commerçants qui partent en retraite ou qui changent d’activité, tout cela est très classique », commente Constantin de Simencourt.

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Les locaux disponibles sont toujours inférieurs à la demande. (@ Aletheia Press/DLP)

La crise comme incubateur

Le professionnel de l’immobilier observe même un engouement particulier pour le centre-ville. « Nous avons aujourd’hui plus de demandes qu’il y a un an et demi. Cela peut paraître étonnant, mais la crise a été un véritable incubateur. En plus des enseignes nationales qui ont envie de s’installer à Amiens, nous sommes sollicités par des profils très différents, dont des indépendants qui ont eu le temps de mûrir leur projet pendant le confinement », confie-t-il.

Au-delà de marques de prêt-à-porter pas encore implantées dans l’ex-capitale picarde, les demandes émanent principalement d’opticiens et d’audioprothésistes encouragés par "le reste à charge 0", de revendeurs de CBD, molécule présente dans le cannabis, mais dont la vente de produits dérivés est légale, mais aussi de restaurateurs. « J’ai installé récemment trois associés qui vont ouvrir un bar à jeux de société, un concept qui n’existait pas sur Amiens. La livraison et le click & collect vont également perdurer et attirer de nouveaux acteurs, ce qui va donner lieu à une diversification de l’offre », analyse Constantin de Simencourt.

Encadré 2 : 

Le commerce de la Citadelle en stand-by

Depuis Septembre 2018, la Citadelle d’Amiens est devenue le nouveau grand pôle universitaire de la ville, accueillant plus de 4 500 étudiants. Imaginée comme un point de rencontre et un lien entre le centre-ville et les quartiers nord, la Citadelle devait être un lieu de promenade pour le grand public. Des cellules commerciales ont même été créées dans ce sens, mais pour l’instant, aucun commerce n’y a pris ses quartiers. « Nous réfléchissons toujours aux solutions à apporter. La crise sanitaire n’arrange rien puisqu’en l’absence des étudiants, il est difficile d’attirer des porteurs de projets », convient Nathalie Lavallard, adjointe au maire en charge du Commerce qui se dit ouverte à toute proposition. « Rien n’est arrêté, nous étudions aussi la possibilité de mettre autre chose que du commerce, pourquoi pas des services ? », s'interroge l’élue.

Des projets autour de la Halle au frais

Référence pour beaucoup d’Amiénois, la Halle au frais bénéficie d’un emplacement stratégique à proximité directe du centre-ville, d’un axe routier nord/sud et de places de stationnement. Le bâti vieillissant, qui date des années 90, et quelques emplacements vides ont cependant entamé la bonne dynamique du site. Consciente de cette problématique, la ville travaille actuellement sur un appel à projets qui sera lancé d’ici quelques semaines. « Nous avons déjà voté une enveloppe budgétaire de plusieurs centaines de milliers d’euros pour entamer des travaux de rénovation. L’appel à projets doit permettre de trouver de nouveaux candidats et d’installer une animation permanente pour apporter un second souffle à cet endroit », note Nathalie Lavallard, adjointe au maire en charge du Commerce, de l'artisanat local et des marchés. Un besoin de renouveau qui doit donner aux consommateurs et clients « l’envie de rester » avec, pourquoi pas, une offre de restauration sur place pour apporter une ambiance conviviale et instaurer de nouvelles habitudes. « Les modes de consommation ont changé, le café du matin n’est plus forcément une habitude très ancrée par exemple. Cela a toujours fonctionné par cycles, il faut savoir se réinventer et trouver la bonne formule. Les commerçants des Halles ont toujours eu beaucoup d’idées », observe, de son côté, Constantin de Simencourt.