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Visite ministérielle

La ministre Olivia Grégoire en baie de Somme à la rencontre des professionnels du tourisme

Ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, Olivia Grégoire s’est rendue le 29 août à Saint-Valery-Somme pour rencontrer plusieurs professionnels du tourisme.

La ministre a déambulé dans les rues de Saint-Valery.
La ministre a déambulé dans les rues de Saint-Valery.

C’est en toute décontraction que la ministre Olivia Grégoire a passé une bonne partie de sa journée du 29 août à Saint-Valery-sur-Somme. Après un déjeuner de travail avec des professionnels du tourisme et des élus locaux au Schorre, un restaurant se trouvant au dernier étage de l’Entrepôt des sels qui a ouvert en fin d’année, elle a déambulé dans la cité médiévale.

Devant le kiosque, elle a d’abord fait un arrêt au local des bateaux Commandant Charcot, où Philippe Forest, le gérant et ancien marin, lui a retracé l’histoire de l’entreprise qui compte quatre bateaux de tourisme : « En 2001, il fallait y croire. Cette année est un peu spéciale à cause du temps. Nous sommes un peu gênés par les Affaires maritimes qui nous surveillent beaucoup à cause d’un concurrent qui va trop vite et fait du bruit. Cela pourrait déranger les phoques. Nous, nous avons été très respectueux », a souligné celui qui est désormais épaulé par son fils.

À quelques mètres de là, la ministre a salué Sophie, responsable administrative de Rando Nature, qui a dressé un bilan très positif de la saison : « Je vois que vous avez les labels Qualinat et Qualitourisme. Dans le cadre des Jeux olympiques, Qualitourisme va être revu à la hausse en termes d’exigence », a informé Olivia Grégoire, qui, avant de quitter les lieux, lui a souhaité une belle arrière-saison.

Venue en baie de Somme après avoir présenté à Paris le matin même le bon bilan touristique national, Olivia Grégoire a indiqué que sept Français sur dix étaient partis en vacances cet été. À 88%, ils ont choisi la France comme destination : « Nous remarquons une véritable évolution. Les touristes se rendent moins sur le littoral et plus dans les territoires ou en montagne. Les fondamentaux sont en train d’évoluer, à l’aune du changement climatique, et de nouvelles destinations y gagnent, à l’image de La Bretagne, la Normandie et la baie de Somme qui sont appréciés pour leurs températures moins élevées. Les Français partent plus souvent et moins longtemps, comme le montrent les vacances de printemps et les ponts de mai. »

« Le tourisme contribue à l’économie française et ce malgré l’inflation »

Les 60 milliards de recettes internationales devraient être atteints fin septembre contre 58 milliards en 2022. Notre pays est apprécié des Belges, des Allemands et des Néerlandais : « Le tourisme contribue à l’économie française et ce malgré l’inflation. Nous notons des mutations dans le comportement des consommateurs qui préfèrent les campings, louer des maisons ou des appartements meublés plutôt que d’aller dans les hôtels. Les professionnels ont dû tenir compte des différentes augmentations mais il faut retrouver le chemin des tarifs raisonnables. Les touristes font des arbitrages. »

Interrogée sur la pénurie de main d’œuvre dans le secteur, elle a qualifié le problème comme étant structurel. Il manquerait en effet 200 000 salariés : « Cela n’est pas arrivé du jour au lendemain. Même avec les hausses de salaires, il font restaurer la confiance entre salariés et employeurs, trouver des solutions pour loger les saisonniers. » Dans certaines régions, ils peuvent être hébergés dans des campings, des lycées, des internats : « C’est un sujet compliqué », a t-elle admis.

Pour Olivia Grégoire, le sur-tourisme n’existe pas : « Il vaut mieux parler de pics de fréquentation. Certaines villes ont décidé de réguler mieux l’accès à certains sites comme les Calanques à Marseille. L’État peut aider les communes en cofinançant à 50% l’acquisition d’outils de comptage des flux. »

Un dispositif jugé judicieux par Daniel Chareyron, maire de Saint-Valery-sur-Somme : « C’est intéressant pour mieux connaître nos visiteurs, pour nous aider à nous projeter. Nous avons déjà mis en place un parking de délestage et une navette. La circulation en ville est plus fluide. Quant à la venue d’Olivia Grégoire, c’est un message fort pour le territoire et les élus qui ont cette vision du tourisme depuis plus de 30 ans. »

Le restaurateur Alain Leduc a fait par à la ministre des problématiques rencontrées par les professionnels du secteur.

Alain Leduc, propriétaire du restaurant Le Nicol’s, rue de la Ferté, a estimé que la saison avait été bonne et que les difficultés de recrutement « ont obligé à être de meilleurs managers. C’est une ville magnifique. Nous en profitons mais ce n’est pas une destination de plage. Les gens viennent pour se promener. » Alain Leduc a évoqué les augmentations des matières premières et l’hérésie des hausses de factures d’énergie : plus 100% dans cet établissement alors qu’elle est de 0% dans un autre de ses restaurants. Au final, pour des résultats stables sa marge est en baisse de 15%. Se félicitant d’une hausse limitée à 3,5% sur les loyers commerciaux votée par les députés, Olivia Grégoire a demandé à un de ses collaborateurs de se rapprocher du restaurateur pour l’aider à régler cet imbroglio. 

«Que c’est beau chez vous ! Il y a du cerf volant ! », s’est exclamée la ministre, ravie en franchissant la porte du magasin Le Petit grain (laine, cuir et jouets), géré par Carole Détain et Jacques Champigny. Ce dernier a expliqué qu’ils envoient chaque année entre 500 et 600 kilos de laine de moutons de la baie de Somme en Haute Loire pour être lavés, puis dans la Creuse pour être filés. Les pelotes sont ensuite vendues dans leur magasin. La majorité de la laine locale est destinée à être détruite : « On exporte de la laine de tous les pays alors que nous avons chez nous. Il y a pourtant des passionnés en France. Un tapissier du Mobilier national en a à titre d'exemple assez de travailler avec la laine néo-zélandaise », a appuyé Olivia Grégoire. 

La ministre en pleine discussion avec les gérants du Petit Grain.

Toujours sous le charme, Olivia Grégoire a craqué pour plusieurs jouets, dont une toupie, qui, a t-elle indiqué, sera posée sur son bureau : « C’est un honneur pour nous qu’elle vienne annoncer des bons chiffres du tourisme. Cela fait plaisir », a commenté Stéphane Haussoulier, le président du Conseil départemental de la Somme. Avant qu’elle ne reparte, il lui a offert des gourmandises de la chocolaterie Trogneux. Daniel Chareyron lui a de son côté remis Baie de Somme - Contrastes, un livre de photographies d’Alexandre Hébert.

Un été en demi-teinte

Les bureaux de l’office de tourisme de la baie de Somme, au nombre de six, estiment que l’ensemble des demandes traitées est identique à 2022 et ce malgré une météo très capricieuse pendant la seconde quinzaine de juillet. Plus de touristes ont en effet accès aux informations via d’autres canaux comme les sites Internet.

Propriétaire du camping La Safrière à Ponthoile, François Bizet tire un bilan très moyen de l’été 2023 : « Juillet a été compliqué. Nous avons commencé à bien travailler à partir du 12 juillet et jusqu’au 27 août. À partir de début septembre, cela s’annonce calme. Les gens font attention avec la baisse du pouvoir d’achat. »

Son camping trois étoiles compte 90 places de mobile home résidentiels, trois en locatif et une trentaine de places pour des tentes, des caravanes, camping-cars. Il a recensé la venue plus importante de Belges et de Hollandais, qui réservent de plus en plus à la dernière minute.

Gérant de L’Asinerie du Marquenterre à Quend-Plage, Christophe Lebrun tire lui un bilan très positif. Les enfants adorent caresser les animaux en liberté comme des chèvres, des volailles, des lapins : « Nous avons enregistré environ 10% d’entrées en plus. Dès qu’il pleut, c’est compliqué pour occuper les petits. Les familles viennent ici voir les animaux. Nous avons notamment une trentaine de biquettes qui assurent le spectacle et des ânes. Nous attirons de plus en plus de public, la clientèle est plutôt régionale. Les gens n’hésitent pas à faire jusque deux heures de route pour venir. »

À l’hôtel-restaurant et spa Les Saules, à Favières, le bilan 2023 n’est pas à garder dans les annales : « Nous avons bien travaillé en début d’année, mais la fréquentation a plongé à cause de la météo, témoigne Séverine Guillot, assistante de direction. Nous sommes passés de 95% d’occupation en 2022 à 80% cette année. Pour moi, c’est la météo la grande responsable. Depuis le début de l’année tout se passait bien. Nous avons mis en place des offres mais cela n’a pas fonctionné. Grâce aux groupes, septembre s’annonce en revanche déjà très bon. »