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Fronde généralisée contre la fermeture des petits commerces

En dépit des aides promises et de la décision de fermer les rayons des produits « non essentiels » dans la grande distribution, la fermeture des petits commerces «  non essentiels » suscite des frictions très vives entre le gouvernement et des acteurs économiques, territoriaux et politiques.

la fermeture des petits commerces "non essentiels" suscite des frictions très vives entre le gouvernement et des acteurs économiques, territoriaux et politiques. (c)AdobeStock
la fermeture des petits commerces "non essentiels" suscite des frictions très vives entre le gouvernement et des acteurs économiques, territoriaux et politiques. (c)AdobeStock

Au nom de l’équité, les grandes surfaces fermeront leurs rayons de produits non-essentiels, mais les petits commerces de proximité ne rouvriront pas, a déclaré Jean Castex, Premier ministre, le 1er novembre. La mesure, qui risque fort de ne bénéficier qu’au e-commerce, est le fruit de l’escalade née de la décision du gouvernement de fermer les commerces « non essentiels », prise dans le cadre du reconfinement, annoncé le 28 octobre par le Président de la République. Provoquant la très vive opposition du monde économique, politique et territorial, celle-ci a suscité de fortes frictions avec l’exécutif. Tous ont alerté sur le risque des faillites en masse de ces petites entreprises, déjà très éprouvées par le premier confinement, et pointé les distorsions de concurrence engendrées par la situation.

Dans le monde économique, la protestation est unanime, chez les organisations sectorielles comme l’Union nationale des entreprises de coiffure (UNEC), par exemple, ou transversales, à l’image de CCI France, Chambre de Ccmmerce et d’industrie. Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, a qualifié la décision d’ « erreur ». « On a besoin de ces commerçants, parce qu’il y a plus de trois millions d’emplois derrière et ils risquent d’aller en faillite car ils sont très fragilisés » a-t-il déclaré. La CPME, elle, milite en faveur de l’amendement voté à l’unanimité par les sénateurs, le 30 octobre. Celui-ci donne aux préfets le pouvoir de « permettre la réouverture des commerces si les conditions sanitaires sont réunies ». Car l’opposition a pris un tour politique, et ce, à tous les échelons. Après l’annonce du confinement, un peu partout en France, comme à Perpignan, Brives, Aubusson, ou Chalon-sur-Saône, des maires ont pris des arrêtés pour autoriser l’ouverture des petits commerces de proximité, et se sont vus qualifier « d’irresponsables » par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Plusieurs associations d’élus de collectivités locales de toutes tailles élèvent la voix : Villes de France, France Urbaine, et l’AMF, Association des maires de France.

Le dispositif d’aides renforcé

« Le soutien économique de l’État sera encore plus fort que lors du premier confinement », a promis Bruno Le Maire, le 29 octobre. Concrètement, le gouvernement a prévu une série de mesures, qui reprennent et complètent les dispositifs existants. D’après le quotidien économique Les Échos du 31 octobre, 12 milliards d’euros sont prévus pour les entreprises dans le nouveau projet de budget rectificatif pour 2020. Le fonds de solidarité est désormais accessible aux entreprises de moins de 50 salariés – contre 10 auparavant – et ce, sur l’ensemble du territoire. Il compensera la perte de chiffre d’affaires jusqu’à 10 000 euros pour l’ensemble des entreprises fermées, ou pour celles des secteurs du tourisme et activités liées (restauration, événementiel, culture, etc.) dont le chiffre d’affaires baissera d’au moins 50% par rapport à la même période de 2019. De plus, les entreprises concernées par les fermetures administratives seront exonérées de cotisations sociales. Quant aux indépendants, ils pourront prétendre à une aide financière (jusqu’à 1 500 euros par mois). Nouveauté, un dispositif fiscal est prévu pour améliorer la prise en charge des loyers. Les bailleurs qui renoncent à des loyers des entreprises jusqu’à 250 salariés, fermées ou en difficulté, devraient bénéficier d’un crédit d’impôt de 30% des montants. L’accès au PGE, Prêt Garanti par l’État, a été élargi. De plus, il pourra être contracté jusqu’à fin juin, et le différé de remboursement a été confirmé pour 2022.

Le dispositif d’activité partielle est prolongé jusqu’au 31 décembre, avec un reste à charge pour l’employeur, différencié selon les entreprises (nul pour les secteurs protégées ou obligés de fermer, à hauteur de 15% pour les autres). Emmanuel Macron a également promis un « plan spécial » pour les indépendants, commerçants, TPE et PME. Autant d’annonces qui sont loin d’avoir convaincu les acteurs économiques et territoriaux. Jusqu’à présent, ils ont constitué les indispensables maillons et relais sur lesquels le gouvernement s’est appuyé pour déployer les plans d’urgence et de relance. 


Un numéro de téléphone pour s’informer sur les aides

Bercy a mis en service un numéro de téléphone, le 0806 000 245 destiné à informer les entreprises en difficulté sur les mesures d’urgence, en complément de la plate forme Internet :https://www.economie.gouv.fr/covid19-soutien-entreprises.