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Confinement : préserver sa santé pour sauver son entreprise

La santé du dirigeant étant intimement liée à la performance de l’entreprise, il est d’autant plus important de la préserver pendant cette période de confinement. Conseils pour surmonter cette période anxiogène et attaquer la deuxième phase de résistance.

Pour l'Amiral Olivier Lajous, il ne faut pas se laisser submerger par ce qui est potentiellement stressant pour ne pas se laisser emporter par le négatif. (C)AdobeStock
Pour l'Amiral Olivier Lajous, il ne faut pas se laisser submerger par ce qui est potentiellement stressant pour ne pas se laisser emporter par le négatif. (C)AdobeStock

« La reconstruction de l’entreprise passera par la reconstruction personnelle. Dans les petites entreprises les deux sont étroitement liées », indique d’emblée Guillaume Mulliez, président de 60 000 rebonds, association d’entraide aux entrepreneurs. Premier conseil de l’Amiral Olivier Lajous, auteur de L’art de l’équilibre et ex-DRH de la Marine nationale qui a connu de fait plusieurs périodes de confinement dans sa vie : « Ne pas se laisser submerger par ce qui est potentiellement stressant pour ne pas se laisser emporter par le négatif, en filtrant les informations reçues. » Nicolas Doucerain, dont le cabinet de Ressources humaines a subi la crise des subprimes de plein fouet en 2008, s’est imposé de communiquer de façon positive à ses salariés. Ainsi, tous les vendredis, via une réunion de visu d’un quart d’heure, il dispensait un discours qu’il avait préparé et construit en amont, « que je terminais par un message positif pour permettre à chaque collaborateur d’entamer le week-end confiant ».

“Il est important d’oser dire, de partager et de ne rien enfouir”

Bien s’entourer

Face à la crise liée au Covid-19 et en cette période de confinement, beaucoup d’entrepreneurs peuvent se sentir encore plus isolés. Il est essentiel pour eux de ne pas rester seul et de parler pour se soulager, à un ami, un expert-comptable, un avocat ou à l’un des nombreux réseaux d’accompagnement d’entrepreneurs. De manière générale, il est important que les dirigeants continuent à avoir des relations sociales. « Il est important d’oser dire, de partager et de ne rien enfouir », commente Olivier Lajous. Pour éviter que les chefs d’entreprise ne soient k.-o et ne transmettent leurs angoisses à leurs salariés, Guillaume Mulliez leur conseille d’anticiper au maximum. « Les dirigeants peuvent avoir des coups de mou, auquel cas ils doivent trouver des aides pour se rebooster. » Plusieurs soutiens existent pour leur permettre de faire face aux multiples défis, personnels ou professionnels auxquels ils sont confrontés. L’association 60 000 rebonds propose, par exemple, du soutien psychologique via des séances de flash coaching de trois heures, par l’un des 320 coachs du réseau, soit par téléphone, soit par visioconférence. Soixante entrepreneurs ont déjà profité de ce système de coaching gratuit.

Nicolas Doucerain témoigne aussi de cet impératif de communiquer : accepter de parler de ses faiblesses permet d’être plus apte à trouver les bonnes solutions et à prendre les bonnes décisions. Avec du recul, le chef d’entreprise reconnaît l’erreur qu’il avait faite : « L’ego du chef d’entreprise est délicat. On a du mal à parler de ses problèmes. À l’époque, j’étais tétanisé, angoissé, stressé, la tête dans un étau, obnubilé par la crise et j’ai caché la situation à mon épouse et à mes amis. Mais il ne faut pas avoir honte et oser casser sa carapace. »

Préserver son équilibre

Au-delà de cette dimension de partage, la question du rythme est essentielle. Pour Lionel Fournier, directeur régional Harmonie Mutuelle, mieux vaut « déterminer à quelle heure on commence et à quelle heure on termine pour savoir à quel moment on débranche et on s’autorise à avoir l’esprit ailleurs ». Il apparaît d’autant plus impératif dans cette période délicate de se dégager du temps pour soi pour éviter d’être en surchauffe et de subir un burn-out. « Le chef d’entreprise qui se consacre entièrement à son entreprise est un faux mythe, martèle Lionel Fournier. Il faut travailler dans une certaine mesure et être capable de s’arrêter si l’on en ressent le besoin. C’est d’autant plus important qu’en fait de marathon, il s’agit plutôt d’un raid dont on ne connaît pas la durée. Il faut pouvoir sortir du confinement avec sa pleine santé mentale et physique. » 

Pour préserver leur forme physique et psychique, les dirigeants doivent prendre soin d’eux, prendre le temps de faire des choses qui leur font du bien et consacrer « dix minutes par jour pour méditer, se recentrer sur soi pour leur permettre de laisser passer leurs émotions, de faire le vide, pour provoquer un vide créateur et fertile, et de pratiquer 30 minutes d’exercices physiques », détaille Lionel Fournier. Une bonne hygiène de vie s’avère essentielle. Cela passe à la fois par une alimentation saine, une bonne hydratation, du sport régulier, des moments de plaisir et un bon sommeil. « Après avoir travaillé tout le temps au début, j’ai vite compris que ni mon corps ni mon esprit ne pourraient survivre à ce rythme. Il est essentiel de préserver ses équilibres et d’accepter d’oxygéner son esprit », conclut Nicolas Doucerain.