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Patrimoine naturel

Argoules : les Jardins de Valloires magnifient l’abbaye cistercienne

Situés au pied de l’édifice cistercien, les Jardins de Valloires se développent sur huit hectares. Cinq ambiances sont à découvrir dans ce lieu aux 5 000 espèces et variétés. Cet été, une exposition de l’artiste Hélène Ménateau est à découvrir dans le jardin du marais et dans l’abbaye. 

Jean-Claurde Darras, guide des jardins.
Jean-Claurde Darras, guide des jardins.

Niché au cœur de la vallée préservée de l’Authie, le village d’Argoules abrite deux joyaux, les jardins classés remarquables et l’abbaye cistercienne de Valloires. Il faut longer comme sorte de petit dédale de végétation pour parvenir devant le cloître végétal, faire face à huit hectares de jardins et apercevoir au loin devant l’abbaye qui règne majestueuse et accueillante. La théâtralisation est impressionnante.

Un voyage dans le temps

« Avant 1987, c’était une grande pâture avec des sous-bois, rapporte Jean-Claude Darras, guide aux jardins depuis quatre ans. Architecte paysager, Gilles Clément a imaginé cinq jardins d’ambiance à découvrir. Il y a par exemple le jardin régulier à française symétrique et géométrique à la fois avec sa grande pelouse ou son allée de cerisiers. Il mène à la roseraie. Nous y comptons une collection de 80 espèces de rosiers remontants datant du XIXsiècle jusqu’à nos jours. Il y a des espèces comme les rosiers de Picardie ou séduction picarde. Il a tenu compte de l’histoire du lieu et de sa typographie. »

Le jardin des îles à l’anglaise se veut à la fois un voyage botanique, pédagogique et poétique. La collection du pépiniériste Jean-Louis Cousin, passionné de l’Asie et de l’Amérique a été regroupée en îlots thématiques selon leur parfum, leur feuillage, leur écorce ou leur floraison. L’été est notamment l’occasion de s’étonner devant les ronces (Valloires en possède une quarantaine de variétés), les mûres et framboises. Dans la prairie, des moutons détonnent de leur présence.

Depuis le belvédère, l’abbaye se présente comme dans un tableau ancien. Quant au jardin des cinq sens, c’est un émerveillement. Il y fait bon y sentir curry, jasmin, menthe, goûter à la mélisse, aux sauges… Olivier Gignon, le chef de la Table du jardinier, le restaurant des Jardins de Valloires, et son équipe aiment à cueillir plantes et fleurs sauvages comestibles qui serviront à préparer plats sauces et décorations des assiettes.

La roseraie compte une collection de 80 espèces de rosiers remontants. (c)AdobeStock

Le secret caché de la marguerite

Vers la forêt, le jardin de l’évolution emmène sur les pas de Lamarck, un des premiers naturalistes à avoir compris la nécessité de l’évolution des êtres vivants. Il est conçu comme une fresque végétale et minérale. On s’enthousiasme de manière chronologique et de marche en marche sur l’escalier de la vie des plantes depuis plus de 400 millions d’années. Quelle surprise d’apprendre que la marguerite est l’une des fleurs les plus perfectionnées car son cœur jaune est en fait une multitude de petites fleurs uniques.

Il fait bon traverser le jardin régulier pour pénétrer dans le jardin des marais. Ici, un ancien bras de l’Authie coulait. Dans cette ambiance sauvage et humide, saules, aulnes, peupliers, bambous, cyprès chauve, bouleau noir… apportent de la fraîcheur. Une atmosphère japonisante qui a séduit Hélène Menanteau. 

Jusqu’au 30 août, l’artiste nantaise y présente une partie de son ensemble d’empreintes monochromes (murs, sols, architecture) inspirées par cet ensemble patrimonial et figées sur des kakémonos en coton blanc, du papier végétal, des carreaux d’argile… Rassemblées dans une exposition intitulée Nature et sacré, dialogues entre terre et ciel, elles sont à admirer dans la salle capitulaire de l’abbaye et donc dans le jardin du marais, où elles sont scénographiées : « C’est un moyen d’inviter les gens à quitter les sentiers traditionnels de balades », souligne Jean-Claude Darras. L’artiste a effectué trois résidences sur place, deux de dix jours et une de cinq jours : « Ici, je sens la présence de l’invisible, quelque chose qui vibre, qui rayonne », confie t-elle.

Pour Jean-Claude Darras, ces jardins, sur lesquels veillent dix jardiniers, sont à part : « Ils sont parmi les plus beaux que je connaissent, affirme-t-il. Ils rassemblent équilibre, harmonie, sensibilité, diversité de couleur de feuillages. À chaque saison, c’est l’émerveillement. Ma préférée c’est l’automne pour son côté flamboyant. Selon l’heure du jour, la météo… il est différent. »

De plus en plus, le grand public aime à en savoir plus sur les 5 000 espèces et variétés que compte les jardins. Les visiteurs sont nombreux à assister aux visites guidées du dimanche matin (à partir de 11 heures). En partant, chacun peut se laisser tenter dans l’espace jardinerie où sont notamment vendus des rosiers ou à la boutique/ librairie pour acquérir des produits locaux ou des outils de jardinage.

L’artiste Hélène Menanteau.