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Initiatives citoyennes

Amiens : Les Robin.e.s des bennes, un collectif anti-gaspi hyperactif

Lancée en 2019, l’association de lutte contre le gaspillage et la précarité Les Robin.e.s des bennes récupère et redistribue aussi bien des denrées alimentaires que des vêtements et des végétaux. Souhaitant développer ses actions, la structure, en lien avec la Maison du Colonel travaille actuellement sur la création d’une conserverie citoyenne.

L’équipe des Robin.e.s des bennes multiplie les interventions. ©Robin.e.s des bennes
L’équipe des Robin.e.s des bennes multiplie les interventions. ©Robin.e.s des bennes

« Au Québec, je pratiquais le dumpster diving, soit littéralement la plongée dans les bennes, pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Fin 2018, en rentrant en France, j’ai organisé une première collecte nocturne à Longueau. Il y avait énormément d’alimentaire mais aussi des jouets, des vêtements… Je me suis demandée comment on pouvait distribuer tout ça », se souvient Louise Boyard, co-fondatrice de l’association amiénoise Les Robin.e.s des bennes. Consciente de la méfiance que pouvait engendrer le mode de récupération de ces denrées, elle organise des réunions publiques pour expliquer ce concept de distribution 100% gratuite et 100% récup’ pour tous. « Il y avait des gens d’horizons très différents et de tous les milieux », se rappelle-t-elle.

En 2019, les Robin.e.s des Bennes sont officiellement lancées. Aujourd’hui, l’association compte plus de 2 000 adhérents, 70 bénévoles actifs et trois salariés. « Nous avons trouvé un modèle économique équilibré et qui fonctionne puisqu’il repose à 30% sur de l’autofinancement, 30% de dotation publique et 40% de dotation privée », détaille la co-fondatrice.

Trois axes distincts

L’association répond parfaitement aux problématiques contemporaines en agissant à la fois contre le gaspillage alimentaire, textile mais aussi végétal. Trois pôles distincts qui ont su séduire le grand public et de nombreux partenaires, économiques comme institutionnels. « Sur le volet vestimentaire, nous stockons actuellement sept tonnes de vêtements. Nous les redistribuons lors de freeperies [ndlr, des friperies où tout est gratuit] ou ils nous permettent d’approvisionner quotidiennement le Chalet de la solidarité », explique Louise Boyard. Financée par Amiens et le CCAS, cette installation permet de mettre à disposition des vêtements gratuitement. « Les retombées sont positives mais la gestion est complexe », confie-t-elle.

Le frigo partagé est installé à l’auberge de jeunesse d’Amiens. ©Robin.e.s des bennes

Côté alimentaire, outre les glanages solidaires et les distributions à partir d’invendus de partenaires locaux, les Robin.e.s des Bennes ont installé un frigo partagé au sein de l’Auberge de jeunesse d’Amiens. « Cela a du sens parce qu’il y a ici une réelle mixité de population. Nous enregistrons en moyenne 50 passages par jour », se réjouit celle qui souhaiterait installer un second frigo à la Citadelle pour répondre aux besoins des étudiants. Enfin, l’association propose avec "Sauve qui pousse" de sauver les végétaux en détresse ou invendus. Sur une parcelle des Hortillonnages mise à disposition par un particulier, la structure soigne, fait grandir arbres et plantes tout en animant des chantiers participatifs et des ateliers.

Une année chargée

Disco Smoothie pour les étudiants, Fête des jardiniers, réalisation d’un buffet 100% récup et 100% gratuit pour Agora, salon des associations de la Métropole… la structure multiplie les actions en cette rentrée 2023. « Tout ce que nous entreprenons a du sens, cela répond à de véritables enjeux, environnementaux comme sociétaux », pointe la co-fondatrice, qui constate une hausse des sollicitations notamment sur le plan alimentaire. Très attaché(e)s à l’idée d’une « sécurité sociale de l’alimentation », Les Robin.e.s des Bennes, en lien avec la Maison du Colonel, portent d’ailleurs un projet de conserverie citoyenne. « Nous souhaitons pouvoir transformer les denrées alimentaires - issues de glanages, de jardins de particuliers - pour pouvoir les conserver plus longtemps », détaille-t-elle. L’initiative, qui s’est vu attribuer 85 000 euros via le budget participatif de la ville d’Amiens, est en cours de réalisation.