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Patrimoine culturel

Abbeville : musée Boucher-de-Perthes, le projet Beffroi-Boucher-de-Perthes-Manessier se concrétise

La future extension du musée Boucher-de-Perthes d'Abbeville est sur les rails. Il est d’ailleurs rebaptisé Beffroi-Boucher-de-Perthes-Manessier. Le cabinet d’architectes retenu vient d’être dévoilé. Les 300 m² dédiés à la donation Manessier devraient être achevés en décembre 2025. 


Florence Petit, adjointe au Patrimoine, Pascal Demarthe et l'architecte Raphael Voinchet lors de la présentation du projet.
Florence Petit, adjointe au Patrimoine, Pascal Demarthe et l'architecte Raphael Voinchet lors de la présentation du projet.

Projet remontant à 30 ans, l’extension du musée Boucher-de-Perthes entre enfin dans sa phase concrète. Il y a quelques jours, la municipalité a dévoilé le nom du cabinet d’architectes retenu parmi 59 prétendants. Il s’agit de W-architectures installé à Toulouse, qui a notamment assuré la restauration du château de Bournazel dans l’Aveyron. Pas moins d’une vingtaine de collaborateurs vont plancher sur le projet. En attendant les premiers coups de pioche, les études dureront encore un an.

« Nous sommes très honorés d’avoir été retenus et d’avoir gagnés ce projet », assure Raphael Voinchet, architecte venu présenter sur place - d’abord au comité de pilotage puis à la presse - des visuels. Le nouveau Beffroi-Boucher-de-Perthes-Manessier devrait être inauguré dans son intégralité en juin 2028. Il se développera sur 3 400 m², contre 2 000 actuellement.

Vue du futur musée. (c) W-architectures

Sa réalisation se fera en deux phases. Les 300 m² dédiés à une partie de la donation Alfred Manessier [ndlr, plus de 600 pièces du peintre réparties en 90 lots ont rejoint les collections du musée Boucher-de-Perthes en 2019, sous la condition d’ouverture d’un espace en 2026] devraient être enfin visibles du grand public fin 2025,.

Rappelons que l’un des plus célèbres peintres non figuratifs français est né en en 1911 à Saint-Ouen mais a grandi en partie à Abbeville. Amoureux de la baie de Somme, il l’avait magnifiée, il est aussi l’auteur des vitraux de l’église du Saint-Sépulcre à Abbeville posés avant sa mort en 1993, et que beaucoup considèrent comme son testament.

Avant la fermeture du musée, en mars 2022 quelques toiles étaient déjà exposées : « L’attente est là », confie Patrick Absalon, son directeur. « C’est la priorité du mandat, ajoute Pascal Demarthe, maire d’Abbeville et président de la Communauté d’agglomération de la baie de Somme. J’y associe tous mes prédécesseurs depuis Max Lejeune. L’attente de la famille Manessier a été très longue. Christine Manessier, la fille du peintre, est très émue, c’est la concrétisation de ce qu’elle attend depuis tant d’années… »

Ces Manessier proviennent de la donation de 2019.

Composer avec l’emblématique beffroi

Le projet de W-architectures compose avec l’emblématique beffroi, classé Monument historique et à l’Unesco. Le but étant de le mettre en valeur tout en respectant la géométrie, le qualibrage et les échelles. Les extérieurs seront sobres dans des tons beige clair grâce à de la terre cuite. Des lignes horizontales rappelleront le sable, le ciel blanc crémeux de la baie.

Oubliée l’entrée par le beffroi, elle se fera depuis un parvis par un grand hall traversant. Après les collections Boucher-de-Perthes, le visiteur découvrira entre autres, en montant de grands escaliers, celle des oiseaux (le musée possède plus de 2 500 pièces) puis l’espace Manessier. Des lieux de pauses rythmeront la visite, bureaux, salon de thé, auditorium… sont également prévus. La maison dite des syndicats sera aussi reconvertie. Le musée, qui sera alimenté en chauffage par le réseau de chaleur étendu, accueillera aussi l’office de tourisme. Ses actuels locaux feront place à un centre d’interprétation de la Seconde Guerre mondiale.

Le futur espace Manessier. (c)W-architectures

Après la fin de ce vaste chantier, la requalification de l’espace public de la place de l’Amiral-Courbet, qui pourrait devenir semi-piétonne et de la chaussée Marcadé devrait suivre, dans le cadre d’Action cœur de ville. Le but étant de conjuguer intérêt commercial, économique et culturel. 

Avant sa fermeture, 10 000 visiteurs, dont 5 000 scolaires, fréquentaient chaque année le musée. Aucun chiffre de projection n’a été donné pour la réouverture. « Nous voulons un écrin qui fasse rayonner notre ville et ses richesses afin d’attirer un large public venant au delà des frontières de notre grande région, un public toujours plus large tout en rendant fiers ses habitants, appelle de ses vœux Pascal Demarthe. Cet été, les touristes ont été plus nombreux à visiter la collégiale Saint-Vulfran, nos parcs et jardins. Nous avons le devoir d’avoir de l’ambition pour Abbeville. La deuxième ville du département mérite bien qu’on lui apporte de l’attention. »

Les intérieurs seront eux aussi épurés.(c)W-architectures

Pas moins de 12,6 millions d’euros seront consacrés à cette extension. Un montant qui pourrait évoluer, la ville sait déjà qu’elle pourra compter sur 3 millions d’euros de la part du Conseil départemental de la Somme, ainsi que sur des aides de la Direction régionale des affaires culturelles, de la Région, de l’Europe. La commune, qui espère 60 à 70% d’aides, a déjà inscrit ce budget sur un pluriannuel.

L'actuel musée.