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Politique de la Ville

Amiens, la ville-nature

Capitale historique de la Picardie, Amiens est la deuxième ville régionale des Hauts-de-France après Lille. Première ville de France en nombre d'inscriptions au patrimoine mondial de l'Unesco, Amiens se distingue en même temps pour sa large place laissée à la nature et à l'eau, une politique de préservation de l'environnement que poursuit le maire Hubert de Jenlis. Il défend aussi l'emploi comme l'arrivée du TGV pour en faire la ville où il fait bon vivre.

Hubert de Jenlis, maire d Amiens. © Cyrille Struy
Hubert de Jenlis, maire d Amiens. © Cyrille Struy

Hubert de Jenlis, vous succédez à Brigitte Fouré suite à sa démission en octobre 2024, qu'est-ce qui a motivé votre engagement ?
J’occupais le poste de premier adjoint, je suis père de quatre enfants qui volent maintenant de leurs propres ailes, toutes les planètes s'alignaient pour que je puisse consacrer 100% de mon temps et de mon énergie au service de la ville et des Amiénois. Je prends cependant mon mandat avec beaucoup d'humilité. Il est passionnant, il est exigeant, mais j'ai conscience de la responsabilité d'administrer une ville de 138 000 habitants. J'ai abordé ma mission avec cet esprit du changement dans la continuité, avec la volonté d'impulser une dynamique nouvelle dans mon style personnel : le terrain et le pragmatisme. Je me suis donné trois priorités : la sécurité, la propreté et la proximité. Je veux être un maire qui voit près et qui voit loin, avoir une vision de la ville telle qu'elle pourra être jusqu'en 2040.

Quelle vision de la ville d'Amiens défendez-vous ?
Nous avons la chance d'habiter dans une ville qui possède des atouts considérables, mais sa principale valeur est d'être une ville qui laisse toute sa place à la nature, une ville à taille humaine. Sa superficie est de 49 km², la même que Bordeaux et Lyon, mais ces villes sont peuplées de 266 000 et 520 000 habitants. Preuve qu'Amiens est une ville nature, elle n'est pas ultraurbanisée, elle n'est pas polluée, c'est une ville verte et bleue avec ses parcs et son fleuve. C'est un héritage qui doit être préservé et renforcé, je suis très attaché à cela.
Dans ce sens, nous lançons la réhabilitation du parc de la Hotoie, le parc le plus ancien d'Amiens (ndlr : créé en 1678), il participe grandement au verdissement de la ville avec ses 24 hectares. C'est un grand projet ambitieux d'un budget total d'environ 10 M€, près de 3 M€ sont déjà inscrits au budget 2025, plusieurs centaines d'arbres y seront plantées. De la même façon, la municipalité plante 4 000 arbres tous les ans depuis 2020, à la fin du mandat en 2026, nous aurons planté 24 000 arbres. Il faudra même penser à revégétaliser le centre-ville, la mode n'est plus au tout minéral des années 90, l'idée est de remettre encore plus de nature dans le centre-ville et les espaces publics.

Quelle place occupe la préservation de l'environnement dans la politique de la ville ?
Le développement durable et la préservation de la planète sont des sujets préoccupants pour le conseil municipal et moi-même, la ville prend beaucoup d'engagements pour cela. À commencer par le chauffage urbain, Amiens est une ville pionnière en la matière. Le réseau de chaleur fait aujourd'hui 50 km, il doit atteindre les 75 km à la fin de cette année 2025 avec l'inauguration prochaine de la deuxième chaufferie biomasse. 70% du chauffage collectif est actuellement alimenté en énergies renouvelables, il comprend les bâtiments publics, les écoles, les logements sociaux et les entreprises reliées au réseau. La flotte de bus contribue également au respect de l'environnement, ce sont 43 bus électriques et 32 bus au biogaz. Dans cette politique vertueuse, nous poursuivons l'équipement de l'éclairage public en LED, pour lequel nous accordons un budget de 2,2 M€ cette année, ou encore la végétalisation des cours d'écoles. Pour continuer sur le verdissement de la ville, outre la réhabilitation du parc de la Hotoie, Amiens réaménage aussi cette année le marais des Trois Vaches, le square Friant, le Jardins des plantes et le parc Saint-Pierre. Pour ce dernier, un montant de 700 000€ est inscrit au budget 2025 sur un coût total de 2 M€.

"Le budget de la ville n'a jamais été aussi ambitieux"

En quoi se distingue le budget 2025 de la ville ?
Le budget de la ville d'Amiens n'a jamais été aussi ambitieux. Sur un budget global de 160 M€, la ligne des investissements affiche pour la première fois la somme de 57 M€. La ville est extrêmement bien gérée, sa capacité de désendettement, c'est-à-dire le nombre d'années nécessaires pour rembourser la dette par l'épargne, est de 2,2 ans. C'est six fois moins d'années que la recommandation de la Cour des comptes, cela laisse une belle marge de manoeuvre à la ville. Cette situation financière saine permet à la municipalité de ne pas augmenter son taux d'imposition foncier comme elle s'est engagée à le faire depuis dix ans, et il n'augmentera toujours pas.
Cela permet également d'investir dans les priorités que je me suis fixées, à savoir plus d'un million d'euros dans l'achat de matériel pour la propreté, plus de 500 000€ dans la voirie communale ou encore 400 000€ dans l'installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance. En 2014, Amiens était dotée de 49 caméras, il y en a 230 en 2025. La sécurité est en effet une priorité de la population française en général, ici la police municipale est composée de 89 policiers municipaux, équipés de pistolets à impulsion électrique depuis l'année dernière, avec des agents présents 24h/24 au centre de supervision urbain ouvert en 2021.

La proximité est aussi l'une de vos trois priorités, comment se traduit-elle pour la population ?
L'action publique prend tout son sens sur ce point, là aussi la bonne gestion de la ville ouvre une marge de manoeuvre pour accorder un budget de 3,75 M€ au CCAS et de 3,3 M€ au milieu associatif. Une partie de la population est fragile, Amiens bénéficie de ce fait d'une dotation de solidarité urbaine, c'est aussi pourquoi la ville n'est pas impactée par la baisse des dotations de l’État et le Dilico (ndlr : le dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités prévu par la loi de finances pour 2025). L'illustration concrète de cette fragilité est que 50% des élèves amiénois sont inscrits dans des écoles REP ou REP + (ndlr : Réseau d'éducation prioritaire), il ne faut pas oublier les habitants qui en ont le plus besoin.
La ville a ainsi ouvert un plan Pouvoir d'achat, il comprend une mutuelle solidaire mise en place avec le département de la Somme, les cueillettes solidaires qui permettent de distribuer une tonne de fruits et légumes par semaine à 8 000 bénéficiaires ou encore les friperies solidaires. La municipalité est aussi là pour faire en sorte que le pouvoir d'achat de la population s'améliore, pour contribuer à l'épanouissement personnel des habitants. La ville progresse en cela, elle grandit. Trois indicateurs majeurs le démontrent : en 10 ans, elle a gagné 12 000 logements, 3 000 habitants et 4 000 emplois.

Ces indicateurs démontrent-ils qu'Amiens est dans une spirale économique positive ?
Le taux de chômage reste certes au-dessus de la moyenne nationale (ndlr : 8,8% à Amiens, 7,4% en France) mais il diminue plus vite que la moyenne nationale. La municipalité y participe, l'implantation prochaine de la start-up et future gigafactory Tiamat est la preuve que la volonté politique débouche sur des bonnes nouvelles. Tiamat est une pépite amiénoise, développée au Hub de l'énergie à Saint- Leu, elle fabriquera des batteries sodiumion et participe au développement des énergies du futur plus vertueuses. Nous nous sommes battus notamment avec Amiens Métropole pour qu'elle reste ici. L'histoire est belle, la société annonce la création de 2 000 emplois à l'horizon 2031. Nous remplissons notre rôle d'accompagnateur, de facilitateur auprès de ceux qui veulent créer de l'activité sur le territoire, en particulier face aux problématiques d'acquisition de foncier.

L'annulation par le tribunal administratif de la ZAC Boréalia 2 à l'ouest d'Amiens ne contredit-elle pas vos ambitions ?
Avec Alain Gest, le président d'Amiens Métropole, nous avons pris acte de l'annulation du projet mais nous avons fait recours auprès du tribunal administratif pour présenter un deuxième projet de ZAC. Ce sont ici deux visions qui s'opposent : ceux qui considèrent qu'on ne peut plus rien artificialiser, en l'occurrence nos opposants politiques, et ceux qui préfèrent voir des créations d'emplois à Amiens plutôt que de les voir partir ailleurs. Les différentes municipalités ont été encouragées depuis plus de 30 ans à acheter du foncier et ce projet Boréalia 2 en découle.
Cela revient à dire que la collectivité a fait des investissements colossaux depuis des décennies pour se rendre propriétaire de foncier et pour ne plus pouvoir y faire de projet aujourd'hui. La proposition de réhabilitation de friches est impossible sur ce dossier, il nécessite plus de superficie et les friches ne sont pas si nombreuses. Ce serait une folie de ne pas créer les bonnes conditions d'accueil des entreprises alors que nous avons régulièrement des demandes. L'élaboration de cette ZAC est absolument stratégique et impérative si on veut de l'emploi à Amiens.

L'arrivée du TGV à Amiens n'ouvre-telle pas un autre levier économique ?
L'arrivée du TGV, annoncée fin 2026 – début 2027, est en effet un événement extrêmement important. Nous nous sommes aussi battus sur ce dossier avec Amiens Métropole et c'est maintenant une réalité. Il est essentiel qu'Amiens soit reliée au réseau de grande vitesse, il est évident que cela fera venir des entreprises comme des touristes. Nous aurons Lyon et Strasbourg à 3h10, Marseille à 4h55, Roissy à 57 mn. Car il faut rappeler que le TGV n'ira pas à Paris mais à Roissy, et il vaut mieux qu'il relie Amiens à Roissy car les TGV partent partout en France depuis Roissy. Il nous connectera également au bassin des 29 000 emplois du Grand Roissy, le plus gros bassin d'emplois de la région parisienne. Par ailleurs, les lignes TER Amiens – Paris existent déjà, on peut s'y rendre en 1h05, certes c'est parfois la galère sur les horaires mais nous traitons aussi ce sujet en parallèle afin d'améliorer les liaisons régulières.

Le TGV est l'atout qui manquait à la ville ?
L'arrivée du TGV s'inscrit comme une ouverture, une ouverture économique et touristique, un symbole d'une ville qui évolue, qui ne peut pas être repliée sur elle-même. Il n'est pas question de se voir en mégapole mais sans cette ouverture la ville se meurt, le commerce fléchit, la spirale devient négative et pour ma part je veux que la spirale soit positive. Il n'y a pas eu besoin de casser la tirelire pour porter nos projets avant la fin du mandat et notre travail du quotidien permet à Amiens d'avoir toutes les qualités pour être une ville où il fait bon vivre. Si l'on parle de commerce, le taux de vacance inférieure à 8% est très faible dans le centre-ville. La municipalité continue de soutenir les commerçants, l'investissement de 5 M€ dans la rénovation de la halle au frais le démontre également. Les 30 000 étudiants, une proportion 20% supérieure à la moyenne, contribuent eux aussi au dynamisme et à la jeunesse de la ville. Les Amiénois peuvent être fiers de leur ville et ils doivent le dire.

En chiffres

138 000 habitants
160 M€
de budget
57 M€
d'investissements en 2025