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Xavier Bertrand : « Le travail, unique boussole du mandat »

La séance d'installation et d'organisation du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais - Picardie s'est tenue le lundi 4 janvier 2016. Sans surprise, Xavier Bertrand a été élu président. Son mandat sera placé sous le signe du travail.

Xavier Bertrand dans ses fonctions de président.
Xavier Bertrand dans ses fonctions de président.
Xavier Bertrand dans ses fonctions de président.

Xavier Bertrand dans ses fonctions de président.

Seul candidat à avoir été présenté pour la présidence du conseil régional Nord-Pas-de- Calais – Picardie, (le Front National Rassemblement Bleu Marine, comme entend se faire appeler le groupe d’opposition que préside Philippe Eymery, ayant préféré ne pas participer au vote), Xavier Bertrand a donc été élu à l’unanimité des 116 suffrages exprimés, ceux de son groupe Les Républicains et apparentés et ceux du groupe partenaire UDI Union Centriste. Le temps de l’après-midi du lundi 4 janvier 2016, les 170 conseillers régionaux déclarés élus à l’issue des scrutins des 6 et 13 décembre 2015 ont donc décidé de l’organisation concrète du conseil régional version 2016, celle de la grande Région issue de la fusion au 1er janvier du Nord-Pas de-Calais et de la Picardie. Après les “péripéties” de ces élections régionales dont la résultante principale est l’absence totale d’une présence de gauche dans l’hémicycle lillois, il n’y a guère eu de suspense pour ce troisième tour, même si, pendant les six années de ce mandat, on entendra sans doute encore souvent rappeler que les majoritaires sont minoritaires et réciproquement… Dès lors, “l’événement” de cette séance aura été le discours inaugural de l’élu saint-quentinois qui, pendant près de 30 minutes, a évoqué et détaillé ses projets et son ambition pour la Région.

Répondre au « déchirement »

L’occasion certes d’évoquer d’entrée de jeu qu’ « élu et réélu à Saint- Quentin, (…) ville populaire aux prises avec les vents mauvais de la mondialisation», Xavier Bertrand est « fier » du « lien indéfectible noué entre lui et le territoire » saint-quentinois où, si « beaucoup reste à faire », « la ville est bel et bien la capitale économique du département » et « fait parler d’elle en bien par ses événements et son rayonnement. »

Ce qu’il a ressenti pendant la campagne électorale – « un an à parcourir la grande région » – tient en un mot, pas celui de « crise », mais celui de « déchirement. » « La démocratie est en danger car le pacte social qui la sous-tend est rompu. Les représentés (…) pensent (…) que leur argent est dilapidé et que certains profitent de cette générosité pour la détourner dans l’assistanat ou l’intérêt personnel (…). Le déchirement est là, béant. Cette campagne m’a convaincu que quelques pièces de tissus ne permettraient pas de recoudre le pacte républicain : il faut changer radicalement les méthodes, les politiques, les comportements. C’est le dernier inventaire avant liquidation. » Xavier Bertrand ajoute les deux guerres mondiales, les crises simultanées des houillères, du textile, de la sidérurgie… et « le peuple du Nord, dur au travail et fier de ses valeurs ouvrières, s’est retrouvé nu, sans rien (…). Alors oui, ici, plus qu’ailleurs, le déchirement démocratique est une réalité (…) Le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit- elle disparaître ? Non. Bien sûr que non. » Et « pour que demain, d’ici, nous puissions une fois encore étonner la France », il en appelle à la « confiance en nous », son vœux final au terme d’une intervention tout au long de laquelle il a fait du travail « l’unique boussole » du mandat, « quelles que soient les thématiques régionales que nous étudierons », et son « unique instrument de mesure politique. »

Le cap est tracé

Sans surprise, le nouveau président entend que le conseil régional soit « le lieu d’où repartira la croissance régionale. » Aides en premier aux créateurs de richesses, c’est-à-dire les entrepreneurs, remise de la région au travail… « L’emploi, ce sera moi. J’ai bien l’intention d’être le chef d’orchestre d’un conseil régional tout entier tourné vers l’emploi et la lutte pour la croissance régionale. » Pour le coup, le cap est tracé avec une série de rendez-vous et de mesures concrètes inscrites à l’agenda régional (voir encadré). Et de marteler : « Soyonsen ici tous convaincus : c’est par la création de richesses, par l’emploi et par l’activité que nous redonnerons du bleu au ciel comme le disait Pierre Mauroy. » Si aucun de ses grands thèmes de campagne n’a été oublié, du renfort de sécurité dans les transports régionaux à la remise en cause de « ces iniques accords du Touquet totalement disproportionnés », Xavier Bertrand a élargi ses engagements : « Nous serons la région la plus innovante de France… Notre politique culturelle portera haut les couleurs de notre territoire et sera accessible au plus grand nombre… Nous rattraperons ce retard en équipements sportifs… Nous mettrons en place cette nouvelle grande politique publique de sport-santé…»

Les commissions permanentes à Amiens

Si ses collègues l’ignoraient, il leur a rappelé que « le travail qui nous attend est considérable, (que) l’espérance en nous est grande, des millions d’habitants attendent nos décisions. » Aux agents du conseil régional, « efficaces, loyaux, compétents », il a indiqué savoir « pouvoir compter sur eux pour comprendre les enjeux d’une administration moderne et désormais fusionnée. » En clair, que la fusion n’est pas signe de renforcement des effectifs, mais bien de « diminution du nombre des personnels », mais aussi que « cela se fera dans le dialogue et l’intelligence des situations. » Petit coup de pouce à la réussite de la fusion, délégation confiée à l’Amiénoise Brigitte Fouré, le nouveau président a confirmé la tenue des séances plénières à Lille… et annoncé celle de toutes les commissions permanentes à Amiens.

Dignité, fermeté, fidélité

Pour mener à bien le travail, d’aucuns évoqueraient les travaux d’Hercule, Xavier Bertrand s’est osé à parler finances, rappelant l’engagement financier à réaliser 300 M€ d’économies sur le mandat : « Nous le ferons, petit détail qui a son importance, sur le fonctionnement. » Et d’annoncer pour le coup la création d’une commission de l’audit interne, « originalité régionale unique en France », qui aura pour rôle de moderniser le contrôle des élus régionaux sur l’exécutif et l’administration.

Parce que toutes les forces politiques régionales ne sont pas représentées dans l’hémicycle, il réunira une fois par trimestre les parlementaires régionaux et les élus des grandes collectivités pour évoquer avec eux les sujets du territoire, complémentairement à la mise en place dès février, de la conférence des territoires prévue par la loi. Aux habitants du Nord-Pas-de-Calais – Picardie, il promet dignité, fermeté et fidélité aux engagements pris : « Notre responsabilité est immense, le moment (…) est au rassemblement pour réussir notre grand dessein régional, redonner à du travail à ceux qui en cherchent, rassurer ceux qui en ont un, aider à l’épanouissement de la population. » Les six ans du mandat y suffiront-ils ?

Au programme :

Les élus ont déjà :
– fixé à 55, dont les 15 vice-présidents, le nombre de conseillers régionaux composant la commission permanente plus le président du conseil régional. Le Front National avait proposé de réduire à onze le nombre de vice-présidents dont un en charge de l’évaluation des politiques publiques attribué à l’opposition.

– décidé de baisser de 5% le montant de leurs indemnités de fonction. Ainsi l’indemnité allouée au président du conseil régional sera-t-elle de 5 236,51 euros contre 5 512,12 euros, montant maximum prévu par la loi, celle des vice-présidents de 3 539,25 euros contre 3 725,43 euros, celle des membres de la commission permanente de 2 780,76 euros contre 2 927,12 euros et celle des conseillers régionaux de 2 661,02 contre 2 527,96 euros.
– adopté les délégations d’attributions du conseil régional à sa commission permanente et à son président.
– décidé de la composition du groupe de travail sur le règlement intérieur à raison de deux élus par groupe pour une proposition à remettre d’ici la fin janvier.

Ils en débattront en fin janvier :
– allègement d’une partie des charges pour tout nouvel emploi créé dans les TPE et PME,
– aide aux transports : prise en charge « d’une partie des frais de déplacement pour ceux qui sont obligés d’utiliser leur voiture pour se rendre au travail ou reprendre une formation en vue d’un emploi »,
– agriculture : plan d’urgence en soutien aux éleveurs et producteurs de lait.

D’ici la à fin de l’année :
– apprentissage : triplement de la prime pour les entreprises qui feront confiance à des apprentis,
– création, bassin d’emploi par bassin d’emploi, des « conditions d’une formation qui aura pour modèle le juste à temps et le sur-mesure »,
– organisation avec les conseils départementaux d’un « lien entre l’insertion de ceux qui sont bénéficiaires du RSA et la formation professionnelle »,
– présentation des mesures concrètes du « new-deal régional » dans la cadre du dispositif Proch’emploi dont la première composante, une plate-forme téléphonique accessible au 0800 02 60 80, a été lancée à Amiens le mardi 5 janvier (lire page 12),
– présentation des grands principes d’une banque régionale unique d’investissement,
– élaboration d’un plan d’aménagement d’infrastructures sportives (équipements de proximité, lignes d’eau, arénas pour lesquelles Dunkerque et le quartier de l’Union à Tourcoing ont un projet…)
– transports  : remise pour juin d’un rapport prospectif pour la hiérarchisation des investissements,
– organisation d’une séance plénière sur les enjeux du canal Seine-Nord.

Jean-Luc DECAESTECKER