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Tourisme, état des lieux du début de saison

Un démarrage de saison touristique difficile pour un secteur particulièrement impacté par le ralentissement économique lié à la crise sanitaire : c’est ce qui ressort d’une récente étude de l’Insee Hauts-de-France. Décryptage.

En avril, seulement 17 000 nuitées ont été recensées dans la région dans les hôtels haut de gamme (3 étoiles et plus), soit une baisse sur un an de 96%.(C)AdobeStock
En avril, seulement 17 000 nuitées ont été recensées dans la région dans les hôtels haut de gamme (3 étoiles et plus), soit une baisse sur un an de 96%.(C)AdobeStock

Entre le 17 mars et le 2 juin derniers (début de la saison touristique), un peu moins de 7 700 contrats n’ont pu démarrer dans les secteurs 100% touristiques comparé à une situation normale, soit en moyenne la moitié des emplois annuels. Cette proportion varie de 40% dans le Nord à 90% dans l’Oise. 17% de ces embauches – potentiellement annulées ou reportées – 17% sont des CDI et 9% des contrats saisonniers (contre 18% et 35% au niveau national). La part des CDI est élevée dans l’Aisne (34%) et dans le Nord (28%), la Somme se distingue elle avec une part de contrats saisonniers sensiblement supérieure à la moyenne régionale (49%).

Baisse de la fréquentation et des effectifs

Un état de fait qui traduit le recul de la fréquentation touristique depuis la mi-mars dans la région. Fin juin, si 85% des hôtels des Hauts-de-France étaient ouverts, leur fréquentation ne représentait qu’un peu plus d’un tiers (37%) de celle d’un mois de juin classique. Une situation qui a contraint de nombreux employeurs à recourir à l’activité partielle : trois établissements de l’hébergement-restauration sur quatre entre mars et mai, soit près de 60% des salariés du secteur. Dès le mois de mai, le dispositif recule pour ne plus concerner fin juin que 46% des établissements de la région et 26% de ses salariés (contre respectivement 52% et 32% au niveau national).

Les effectifs dans l’hébergement-restauration sont à leur plus bas niveau depuis 2017 : fin 2019, le secteur du tourisme employait près de 71 300 personnes, en juin 2020, ils n’étaient plus que 65 000, soit 5 800 de moins. Des emplois relativement plus présents dans la Somme, le Pas-de-Calais et l’Oise ; les zones d’emplois de Berck-Montreuil (2e zone la plus touchée par le ralentissement économique de la région) et d’Abbeville, représentent jusqu’à 7% des emplois offerts. D’autres pans du secteur ont été touchés : les activités de locations d’articles de sport et de loisirs, les zoos, réserves naturelles et parcs d’attractions, qui représentent 14 600 emplois annuels en moyenne (0,9% de l’emploi régional). Ces secteurs sont plus présents dans l’Oise (2% des emplois) et dans une moindre proportion dans la Somme et le Pas-de-Calais (1%).

Le secteur le plus impacté est celui des parcs d’attraction et à thème, où les 2 250 nouveaux contrats observés en général entre le 17 mars et le 2 juin  n’ont pu cette année démarrer. Ce volume correspond à 157% de l’effectif annuel moyen de ce secteur. Les activités de locations et locations-bail d’articles de loisirs et de sport se trouvent dans une situation identique (108% des effectifs moyens annuels). Même s’il est moins impacté en volume, la part des contrats en CDI non démarré est particulièrement importante dans le secteur de l’entretien corporel (thalasso), à 51% et des autres services de réservation et activités connexes (32%).

La fréquentation hôtelière a subi un brutal coup d’arrêt en avril et mai : en avril, 192 (sur 685) hôtels étaient ouverts dans Hauts-de-France, faisant toutefois de la région celle où la proportion d’hôtels ouverts est la plus élevée (28%). Parmi ces établissements, 19% étaient occupés à moins de 1%, et 29% entre et 1 et 5%, 16% entre 5 et 10 % et entre 10 et 20%, et 20% avec un taux d’occupation de 20% ou plus. Des taux d’occupation là encore supérieurs à la moyenne nationale, seuls 15% des hôtels ouverts en avril étaient occupés à 20% ou plus, ceux occupés à moins de 1% représentaient quant à eux  32% du parc hôtelier. En mai, 333 hôtels étaient ouverts, soit 48% du parc régional, seuls 9,6% d’entre eux étaient occupés à moins de 1% et un tiers à 20% ou plus (contre respectivement 12 et 24% en France).

En juin, ce sont 85% des hôtels qui étaient ouverts (7 points de plus que la moyenne nationale). Près de 349 000 nuitées (-63% comparé à juin 2019) ont été comptabilisées dans la région ce mois-là. Avec 77% d’hôtels affichant un taux d’occupation dépassant les 20%, la région fait mieux, de 7 points, qu’au niveau national.


Recours à l’activité partielle

Fin mars, 73% des établissements de l’hébergement-restauration de la région avaient fait appel au dispositif d’activité partielle mis en place par le Gouvernement, avec 64% des salariés au chômage partiel (2,5 points de plus qu’en France). La Somme s’est distinguée avec un faible taux de recours (71% des établissements) et une part de salariés concernés élevée (65%). En avril, l’activité partielle concernait 77% des établissements et 67% des salariés (contre respectivement 80 et 68% au niveau national). L’Aisne était le département où le taux de recours au chômage partiel avait le plus augmenté (+4,5 points) comparé à mars, et le Pas-de-Calais celui où le nombre de salariés mis en activité partielle le plus progressé (+5,1 points). Un renversement de la tendance s’est amorcé dès le mois de mai, avec une baisse du recours au dispositif de 2,4 points en termes d’établissements et de 7,1 points du côté des salariés (-1,3 point et -5,6 points au niveau national). Entre mai et juin, le recours a continué à diminuer, plus qu’au niveau national, avec une baisse de 30 points (contre 27 pour l’ensemble de la France). Un recul plus marqué dans la Somme et le Pas-de-Calais (-33 points), avec 40 et 44% des établissements concernés par l’activité partielle. Le Nord est alors le département le plus concerné (48%), suivi par l’Oise et l’Aisne (45%), à cette époque, seuls 26% des salariés de la région sont au chômage partiel (5 points de moins qu’au niveau national).