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Industrie ferroviaire

Remettre le fer sur les rails

Les Hauts-de-France comptent 14 000 emplois directs et indirects dans l’industrie ferroviaire. Les besoins de recrutement, entre 2014 et 2025, se chiffrent à 7 800 postes…

Les Hauts-de-France, "la" région ferroviaire par excellence dans l'Hexagone. © Alstom
Les Hauts-de-France, "la" région ferroviaire par excellence dans l'Hexagone. © Alstom

Lancée par la Direccte pour analyser les besoins en termes d’emplois et de compétences de la filière ferroviaire dans la région, l’étude s’appuie sur une perspective prometteuse révélée par une autre étude (UIMM 2020) : l’augmentation des effectifs dans la métallurgie de 11,4% d’ici 2025. Dans un contexte sanitaire perturbant, on compte tout de même un taux de retour de 20% (soit 43 établissements et près de 5 000 salariés).

C’est peu dire que la région est "le" territoire ferroviaire par excellence, comptant quatre constructeurs mondiaux : Alstom (qui a racheté en février dernier Bombardier Transport à Crespin), Siemens, Faiveley et Millet (qui a repris Titagarh en 2019). Les Hauts-de-France regroupent près de la moitié des emplois directs de l’industrie ferroviaire nationale (10 000 sur 21 000). Avec les emplois indirects, le nombre grimpe à 14 000, pour 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.

Zone particulièrement dynamique, Valenciennes représente 60% du poids régional des emplois ferroviaires. Toute l’économie y est reliée indique l’étude : « Matériel roulant pour voyageurs (voitures pour TER, métro, tramway), matériel roulant pour marchandises (wagons spéciaux), infrastructures, signalisation, bureaux d’études, moyens d’essais, centre de recherche, maintenance (…) ». En tout, 53 secteurs d'activité qui comptabilisent 219 établissements, 15 983 salariés et 195 intérimaires. « Le réseau des TPE-PME a un poids significatif, avec 8 819 salariés, les TPE-PME couvrent 55% des effectifs et 69% des établissements », précisent les auteurs de l’étude.

Simplifié, mieux organisé et structuré

La région est aussi dotée d’outils publics-privés qui soutiennent la filière et visent à la structurer comme l’European Union Agency for Railways, le pôle de compétitivité i-Trans, l’IRT Railenium, le technopôle Transalley ou encore la Fédération de recherche transports terrestres & mobilités (CNRS). En tout, plus d’une vingtaine de structures existent.

Le constat est néanmoins : « Un écosystème peu lisible et des rôles peu connus : la filière regroupe un très grand nombre d’acteurs mais aucun n’a une idée précise du rôle et du périmètre des autres, d’où la présence de missions d’intérêt général assurées par des structures différentes alors qu’elles pourraient être rationalisées ou mutualisées. Il n’existe pas assez de coordination au sein de la filière, peu de partenariats sont établis, les entreprises ont besoin que l’écosystème ferroviaire en région soit simplifié, mieux organisé et structuré ».

Les métiers toujours en tension

Une recommandation impérieuse affleure : la fusion des structures. Sur le plan des ressources humaines, l’étude donne un tableau précis : 85% des salariés sont en CDI tandis que 6% sont en contrat d’alternance ; on ne compte que 18% de femmes dans les effectifs. Sur le plan de l’âge, il y a urgence : « La catégorie employés techniciens et agents de maîtrise est la plus vieillissante : 14% ont plus de 56 ans, et 40% ont plus de 46 ans ; 30% des ingénieurs ont plus de 46 ans, contre 27% des ouvriers. »

L’étude montre une inadéquation entre offre et demande : « L'industrie ferroviaire est caractérisée par des savoir-faire spécifiques et exigeants à tout niveau et pour tous les métiers (mécanique, tôlerie, chaudronnerie, traitement de surface…) : certains métiers nécessitent une acquisition longue de certaines maîtrises spécifiques de compétences (jusqu’à 18 à 24 mois d’expérience prérequise). » 

Ainsi, les besoins de recrutement entre 2014 et 2025 se chiffrent à 7 800 postes nets (mobilités et départs en retraite compris) sur un total de 14 000 salariés. In fine, il s’agit de remplacer une personne sur deux… La pyramide des âges doit alerter les entreprises, avec « un risque de perte de compétences spécifiques (soudeurs, fraiseurs...) si les besoins ne sont pas bien anticipés ».

Des besoins croissants se font également sentir dans la maintenance. Les tensions sur certains métiers continuent de s’accroître : soudeurs, chaudronniers, dresseurs, peintres, contrôleurs qualité… Chez les ingénieurs, c'est tout aussi alarmant : « 400 diplômés pour 1 000 embauches en 2015 (en particulier sur la maintenance prédictive, les nouvelles technologies et le numérique ».

100% des établissements interrogés pratiquent la formation interne et consacrent, en moyenne, entre 2,86 et 3,77% de leur masse salariale en formation. © Bombardier Transport

Former en interne ne dispense pas de partager

Les entreprises l’ont compris depuis longtemps : 100% des établissements interrogés pratiquent la formation interne. Elles consacrent ainsi, en moyenne, entre 2,86 et 3,77% de leur masse salariale en formation et « dépassent largement le minimum légal obligatoire, quelle que soit la taille de l’’établissement », souligne le document qui recommande d’afficher les besoins en ressources humaines.

« Les métiers en tension ne sont ni fléchés ni visibles (…). Les solutions en matière de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, ndlr) sont à analyser à l’échelle de la filière mais également pour l’ensemble de la branche métallurgie. » L’étude pointe enfin « une concurrence entre les filières métallurgiques sur les métiers en tension : se pose la question des maillages et des transferts de main-d’œuvre interfilières ». Cette cohésion, nécessaire, pourrait commencer par la création d’un observatoire des métiers du ferroviaire dont la mission serait de « réaliser une analyse et une prospective des métiers, compétences et formations de la filière, de structurer la filière en matière d’emploi et de compétences, et d’accompagner des entreprises en matière de GPEC et accélération de leur transformation ».