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Immobilier : basses pressions commercial à arras

Partout dans le monde, les prix de l’immobilier ont chuté dès le début de la crise.
Partout dans le monde, les prix de l’immobilier ont chuté dès le début de la crise.
Partout dans le monde, les prix de l’immobilier ont chuté dès le début de la crise.

Partout dans le monde, les prix de l’immobilier ont chuté dès le début de la crise.

L a France est décidément un pays perclus d’exceptions. Et pas seulement culturelles. En témoigne l’évolution de son marché immobilier. Partout dans le monde, les prix ont chuté dès le début de la crise, quelquefois dans des proportions importantes – tel a été le cas chez nous. Dans la plupart des grands pays, les prix se sont doucement repris entre 2009 et 2011, avant d’entamer une ascension plus vigoureuse au-delà. Chez nous, après le creux de l’automne 2009, ils ont en moyenne regagné 13% jusqu’à la fin 2011, avant de se replier de nouveau, dans des proportions moindres que les anticipations de certains analystes : d’aucuns attendaient une correction de 15% l’année dernière, alors que les prix sont restés à-peuprès stables. Bien entendu, la situation diffère assez sensiblement entre les grandes métropoles et le reste du territoire. Car malgré l’effritement des prix parisiens, le prix moyen mètre carré, dans l’ancien, s’étage sur une large fourchette : 8 100 euros à Paris, 4 160 dans les Alpes-Maritimes, 2 250 en Loire-Atlantique et… 850 euros dans la Creuse. Comme tout le monde ne peut habiter Guéret, bien que la ville soit accueillante, le Français doit consacrer à l’acquisition de sa résidence budget qui n’est plus en phase avec l’évolution de l’activité, ni avec celle des salaires. Un contexte qui serait préjudiciable à la croissance, selon une note récente de la fondation Terra Nova (proche du PS). Tout particulièrement parce que l’accession principaux signataires : Edouard Magnaval, Artois, Frédéric Leturque, maire d’Arras, et Gabriel président de la chambre de métiers et de l’artisanat président de la section Pas-de-Calais.la propriété monopoliserait les ressources des intéressés, au travers d’une « épargne rentière qui ne permet pas de créer de nouveaux emplois dans l’industrie ou d’être investisseur dans des entreprises en compétition internationale ». Une cherté relative qui accessoirement renforce les inégalités, thème qui devient plus sensible dans notre pays depuis que l’économiste Thomas Piketty – qui travaille sur ce sujet depuis des lustres – fait un carton aux États-Unis avec son dernier ouvrage1 . Et qu’une université new-yorkaise vient d’engager le Nobel Paul Krugman, qui tient l’ouvrage du Français pour « le livre le plus important de l’année voire de la décennie », pour lui confier la direction d’un laboratoire de recherches sur la question. Comme à l’accoutumée, il aura fallu le coup de projecteur yankee pour conférer sa vraie dimension à un problème depuis longtemps identifié dans notre pays.

Chine : vers le “credit crunch” ?

Quoi qu’il en soit, le climat immobilier français n’est guère encourageant pour la croissance à venir, si l’on en croit l’adage selon lequel le bâtiment constitue une efficace grenouille conjoncturelle. Et il est douteux que les mesures préconisées par Terra Nova – comme contraindre les propriétaires à céder leurs terrains constructibles – soient de nature à peser suffisamment sur les prix pour rendre solvables les candidats à l’accession, rejetés par les conditions actuelles. Il faut supposer que notre marché est moins réactif que ses homologues étrangers, car le rapport de force est devenu nettement défavorable aux vendeurs, même dans la capitale : selon ce critère fondamental, la tendance des prix est partout baissière, voire fortement baissière. Mais pour que le marché transcrive cette tendance, il faudrait que les vendeurs soient contraints d’accepter un sacrifice sur les prix espérés. Tel n’est apparemment pas le cas aujourd’hui, ce qui est plutôt rassurant quant à la santé financière de l’épargnant hexagonal, mais peu encourageant pour les accédants éconduits. Le contexte est tout à fait différent aux États-Unis. Après la forte remontée des prix en 2011 et 2012, bien aidée par le retour en force de financements hasardeux, les observateurs ont redouté la naissance d’une nouvelle bulle. Mais dès l’été dernier, les prix ont de nouveau reflué et cette tendance se poursuit au premier trimestre de l’année en cours : la remontée des taux y a largement contribué, outre la paupérisation relative de nombre de ménages américains. Selon les plus récentes statistiques, la “middle class” yankee a perdu son rang sur le podium mondial de la prospérité : les Canadiens lui ont ravi la première place. Il faudra donc que la croissance renaissante aux States perdure et s’amplifie, pour que la valeur des immeubles puisse garantir l’american way of life, comme contrepartie traditionnelle au crédit à la consommation. Mais c’est en Chine que les craintes sont les plus vivaces. Il semble que les autorités peinent à ralentir l’emballement du crédit, qui se distribue pour l’essentiel au travers du “shadow banking” – donc à l’abri de la régulation. Il en résulte un surinvestissement dans l’industrie, une montée en flèche de l’endettement privé (230% du PIB, selon le FMI) et une constante flambée de l’immobilier. Un tel scénario préfigure presque toujours la survenance d’une crise financière. Avec sa phase douloureuse de liquidation de la dette, qui conduit à une forte dépréciation du prix des actifs. C’est probablement ce que redoute Li Ka-shing, l’homme le plus riche d’Asie, qui doit largement sa fortune à ses succès dans l’immobilier chinois. Il achève en ce moment la cession de l’intégralité de son patrimoine dans l’Empire du Milieu – le tout se chiffrant en milliards de dollars. Li Ka-shing n’a rien dévoilé de sa stratégie. Mais il est permis de supposer qu’il n’agit pas sur un coup de tête. Et compte tenu de son expertise avérée dans le business, on ne peut négliger son intuition de l’arrivée prochaine d’un “credit crunch” chinois. Lequel pourrait être aussi ravageur que la bombe des “subprime”.