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David Van Laecke, entrepreneur libéré

Le moins que l’on puisse dire, c’est que David Van Laecke est un chef d’entreprise atypique. Ancien officier des troupes d’élites pendant huit ans, il décide en 2015 de reprendre TKS, spécialisée dans les matériels et logiciels informatiques pour les professionnels. Installé à Las Vegas, ce chantre de l’entreprise libérée est aussi écrivain et aventurier : il s’est fixé avec son épouse un défi de taille : faire en cinq ans les 5 000 randonnées des 63 National Park américains. Une première qui lui prend dix mois de l’année, à raison de 23 kilomètres par jour…

David Van Laecke prône un management libéré.
David Van Laecke prône un management libéré.

Ce qui guide David Van Laecke : la passion. À la tête de cinq entreprises de l’Oise, toutes libérées, il donne de nombreuses conférences, aux États-Unis notamment, sur cette thématique, avec le milliardaire Tony Hsieh, ancien patron de Zappos [ndlr, filiale d’Amazon spécialisée dans la vente de chaussures en ligne et implantée à Las Vegas]. TKS, comme les autres entités du groupe, fonctionne sur ce modèle. L’entreprise d’Étouy compte une clientèle exclusivement professionnelle à 99% implantée dans les Hauts-de-France. Sa force : sa proximité et réactivité, avec un large panel de services : support technique, réseau et sécurité, sauvegarde, cloud, installation, développement et formation… « Nous avons eu pendant le premier confinement une forte demande sur l’activités VOIP, tout ce qui concerne les applications téléphoniques », remarque David Van Laecke.

TKS a environ 50% de ses clients sur des serveurs à distance, une solution modulable à l’envi, qui permet de ne plus avoir de panne : « Un serveur qui tombe en panne sur le cloud, ça n’existe pas, c’est un gain de temps extraordinaire, observe David Van Laecke. Lorsque pendant le premier confinement nous avons dû donner le droit à nos clients d’accéder aux serveurs à distance, ça a pris 30 secondes. » En 2019, TKS a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de 30% par rapport à 2018, une des meilleures années de l’entreprise, qui poursuit sur sa belle lancée, et recrute, pour 2021-2022, trois collaborateurs-formateurs.

Management libéré

La crise sanitaire n’a pas impacté l’activité de TKS, déjà rompue bien avant la Covid-19 à la télémaintenance et pour une grande majorité des collaborateurs, au télétravail. « Nous avions développé des outils permettant le télétravail et le travail collaboratif, j’ai été le premier de l’entreprise à travailler à distance », explique David Van Laecke parti vivre aux États-Unis en 2016. Pour concilier ses deux vies, de dirigeant et d’aventurier, il décide de mettre en place un management libéré, qu’il a découvert lorsqu’il était membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD) Compiègne et Sud Oise. « Je suis aujourd’hui le Monsieur entreprise libérée pour le CJD au niveau national, sourit David Van Laecke qui prêche aussi la bonne parole : En France, moins de 2% des entreprises sont libérées. Nous sommes aujourd’hui sur un modèle que l’on a décidé de ne pas changer depuis 40 ans. Et lorsque vous décidez de diriger autrement, vous vous heurtez à une armée de sceptiques, même en démontrant par A + B que ça fonctionne, quelle que soit la taille de l’entreprise, à condition d’avoir une entière confiance dans ses collaborateurs, et d’abord en soi… »

C’est le chemin qu’a pris David Van Laecke, qui consacre chaque lundi un quart d’heure à analyser les chiffres de ses entreprises et revient un mois dans l’année sur site. Pour que son modèle d’entreprise libérée soit efficient, ses collaborateurs ont tous été coachés individuellement durant un an, pour connaître leur position par rapport à leur travail, à l’entreprise en général, et plus largement leur philosophie de vie. Ils ont ensuite suivi un coaching collectif, au cours duquel ils ont élaboré ensemble une stratégie à cinq ans pour le développement de l’entreprise, sans qu’interfère David Van Laecke. En échange de cet investissement qui dépasse le cadre de leurs fonctions initiales, ils reçoivent 50% du résultat annuel du groupe sous forme de primes (soit entre 4 000 et 5 000 euros net de primes par an, y compris pour 2020). « C’est aussi eux qui prennent les décisions d’augmentations de salaires, de recrutement et de licenciement, en me consultant évidemment pour que j’arbitre les décisions », poursuit le dirigeant qui a aussi par le passé été juge au Conseil des Prud’hommes. « Avoir libéré les salariés d’une pression, même inconsciente, de ma présence dans l’entreprise, a libéré leur créativité », assure le dirigeant. Si comme il se plaît à le dire, il côtoie onze mois de l’année plus de loups et d’ours que d’être humains, David Van Laecke tient à ce que ses collaborateurs, qui travaillent au choix sur site ou à distance, maintiennent un lien social, avec des réunions et repas hebdomadaires. Éternel optimiste, David Van Laecke croit farouchement en la possibilité d’une économie plus juste.


Aventurier et écrivain

David Van Laecke est également à la tête de deux entreprises aux États-Unis : l’une qui aide les Français à s’installer outre-Atlantique et une autre qui organise des randonnées uniques pour une clientèle haut de gamme. Le chef d’entreprise est aussi écrivain, avec à son actif deux ouvrages qui ont rencontré un certain succès littéraire : L’enfant du dehors, deux tomes dans lesquels il revient notamment sur la notion d’entreprise libérée. Les droits d’auteurs sont versés à des associations, l’une créée par son épouse et lui, qui aide les gens défavorisés de Las Vegas à partir faire des randonnées en famille le week-end, avec des équipements donnés par les touristes et l’autre qui aide à soigner et réinsérer les loups dans des réserves naturelles. Prochains projets en cours : la rédaction d’un essai sur le philosophe Henri David Thoreau, chantre de la nature très connu aux États-Unis et le récit de ses aventures dans les parcs nationaux, demandé par National Geographic.