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Capital-investissement

Les acteurs régionaux dans les starting-blocks

Lancé il y a un an par trois banques régionales, le fonds de capital-investissement Regain 340 vient d’annoncer avoir injecté près de 20 millions d’euros dans six PME. Alors que les besoins de renforcement des hauts de bilan ont eu tendance à augmenter depuis le début de la crise, l’offre de fonds propres destinée aux entreprises locales est particulièrement abondante.

Christophe Deldycke est président de Turenne capital, qui gère le fonds Regain 340.
Christophe Deldycke est président de Turenne capital, qui gère le fonds Regain 340.

En juillet 2020, le Crédit agricole Nord de France, le Crédit agricole Brie-Picardie et la Caisse d’Epargne Hauts de France lançaient en grande pompe le fonds Regain 340, destiné à investir jusqu’à 200 millions d’euros dans le capital de PME régionales. Fruit d’une collaboration inédite entre différents établissements bancaires, celui-ci est récemment entré en action.

Le 8 novembre dernier, la société de gestion qui le gère, Turenne groupe, a en effet indiqué avoir injecté près de 20 millions d’euros dans le haut de bilan de six sociétés : le spécialiste de l’informatisation des soins critiques en France et à l’international Bow Medical (Amiens), le producteur de produits d’hygiène bio Naturopera (Bully-les-Mines, près de Lens), le fabricant de câbles et faisceaux électriques Groupe Sirail (Crespin), le distributeur de produits frais, fruits et légumes, produits de la mer, fleurs et plantes RibéGroupe (Ribécourt-Dreslincourt), le spécialiste de la dentelle et du tulle Sophie Hallette (Caudry), et enfin le groupe d’agences de voyage Univairmer (Creil). D’autres investissements devraient être rapidement finalisés à en croire Christophe Deldycke, président de Turenne capital.

Près de 230 millions d’euros investis au premier semestre

Les débuts encourageants de Regain 340 ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Selon les statistiques publiées le mois dernier par France Invest, l’association qui rassemble les investisseurs du non-coté (capital-investissement, ou private equity), 228 millions d’euros de capitaux propres ont été investis au cours premier semestre dans 29 entreprises des Hauts-de-France.

Et la deuxième partie de l’année s’annonce tout aussi prometteuse. « Filiale de Turenne capital et acteur régional du private equity, Nord capital investissement (NCI) va enregistrer sur l’ensemble de l’exercice 2021 des niveaux d’activité historique, tant en termes d’investissements que de cessions de participation », prévient Christophe Deldycke, par ailleurs président de Nord capital partenaires.

Un constat largement partagé par les autres sociétés de gestion actives dans les Hauts-de-France, mais aussi les banques. « Au Crédit agricole Nord de France, nous finançons historiquement les fonds propres d’entreprises régionales soit en direct, soit au travers de notre fonds d’investissement régional Nord capital investissement, explique Jean-Paul Mamert, directeur financier de la caisse régionale. Sous l’effet de la crise, qui aura contraint de nombreuses PME et ETI à renforcer des bilans fragilisés, soit à lever des fonds pour investir en vue de profiter pleinement de la reprise, cette activité est particulièrement dynamique. »

Des dirigeants plus ouverts

Les acteurs du capital-investissement se montrent d’autant plus optimistes que la position des dirigeants d’entreprises originaires du Nord - Pas-de-Calais à leur égard évoluerait positivement. « À la différence de certaines régions, notamment dans l’Ouest et en Auvergne-Rhône-Alpes, les Hauts-de-France ont longtemps constitué un territoire où les chefs d’entreprises, qui sont souvent familiales, se montraient réticents à l’idée d’ouvrir leur capital, relève Christophe Deldycke. Ces derniers prenant davantage conscience des bénéfices que peut leur apporter l’arrivée d’un nouvel actionnaire, cette situation commence toutefois à changer. » C’est notamment pour tenter de convaincre des dirigeants de franchir le pas que les équipes de France Invest étaient présentes à Lille le 15 novembre dernier, dans le cadre de ce qui s’apparentait à une véritable opération de séduction.

L’intérêt croissant des investisseurs particuliers

À l’échelle nationale, 17% des engagements de collecte recueillis par les fonds de capital-investissement en France durant les six premiers mois de l’année proviennent de personnes physiques et de family offices (structures chargées de gérer le patrimoine de familles fortunées). Alors que ce pourcentage fait partie des records jamais recensés par France Invest, les Hauts-de-France n’échappent pas à cette tendance. « Plusieurs familles du Nord, qui constitue une terre de philanthropie, ont récemment investi dans GENEO capital entrepreneur », illustre Fanny Letier, cofondatrice de cette société d’investissement et d’accompagnement de PME et d’ETI. Même son de cloche chez Turenne capital : « Nos Fonds d'investissement de proximité (FIP), dans lesquels investissent les clients particuliers du Crédit agricole, ont fait l’objet d’un engouement de plus en plus marqué », assure Christophe Deldycke.