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Barbara Pompili : « Il faut aider nos dirigeants à tenir leurs promesses »

Barbara Pompili à la COP23.
Barbara Pompili à la COP23.

Entre la COP23 à Bonn et le Sommet Climat à Paris le 12 décembre prochain, Barbara Pompili, députée de la Somme et présidente de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée nationale, mobilise les députés. Pour elle, ils ne doivent pas rater ces grands rendez-vous internationaux. Ils ont autant d’impact dans les préparations de lois que dans le développement des territoires.

Barbara Pompili à la COP23.

P.L.G. : Avez-vous réussi à mobiliser beaucoup de députés pour vous accompagner à la COP23 ?

Barbara Pompili : Oui, nous étions une délégation de 9 députés à s’être déplacés à Bonn, qui représentaient quasiment tous les groupes politiques de l’Assemblée nationale. L’objectif était de les sensibiliser aux enjeux de cette 23e conférence des Parties du Climat et de rencontrer des partenaires avec qui nous allons travailler, et notamment nos collègues du Bundestag allemand.

P.L.G. : Quel est le résultat de cette rencontre franco-allemande ?

B.P. : C’était très riche car nous avons des enjeux en commun. Il faut aider nos dirigeants à tenir leurs promesses, notamment celles annoncées par Angela Merkel et Emmanuel Macron le 15 novembre dernier à la COP23 : l’aide aux pays en voie de développement, baisse des émissions des gaz à effet de serre en essayant de sortir du modèle des centrales à charbon, baisse de la part du nucléaire dans le mix-énergétique. L’agriculture a été évoquée également, avec notamment les questions du glyphosate et autres produits phytopharmaceutiques. P.L.G. : En quoi cette participation à la COP23 peut-elle avoir un impact sur votre travail de dé- puté ?

B.P. : Je crois qu’il n’y a rien de tel que le contact humain. Cela sera plus facile après de pouvoir se contacter pour avancer sur les différents projets que la Commission Développement Durable de l’Assemblée nationale a à gérer : la future loi sur les mobilités qui va arriver suite aux Assises de la mobilité, les questions de l’alimentation suite aux États généraux de l’alimentation, le code minier, le plan climat qui a été annoncé par le ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. On va essayer de les régler au niveau national. Mais si on ne les travaille pas au niveau européen et international, on risque de louper les objectifs.

P.L.G. : Les résultats de la COP23 peuvent-ils également avoir une influence dans nos régions françaises ?

B.P. : Dans nos territoires, il y a beaucoup de sujets qui sont concernés par le problème des émissions de gaz à effet de serre : le transport, l’agriculture. Les régions doivent renforcer les plans climat. Il faut se saisir de l’opportunité de cette transition énergétique qui est créatrice d’emplois. C’est le cas du bâtiment avec les rénovations thermiques des logements. La question des transports du quotidien est également importante, elle doit être prioritaire dans les investissements.

P.L.G. : Un exemple dans le domaine du transport ?

B.P. : Je pense notamment à ceux qui vont travailler à Roissy depuis la Picardie. J’appuie fortement le projet barreau Roissy-Picardie (projet de ligne à grande vitesse reliant l’aéroport à Creil). Il faut faire en sorte que personne ne puisse refuser un travail à cause d’un problème de transport. C’est encore le cas aujourd’hui pour un français sur quatre. Et n’oublions pas les aides de l’État dans ce domaine. Aujourd’hui, pour changer de véhicule, une personne pourra recevoir 2 500 euros à partir de 2018 pour acheter un véhicule électrique, neuf ou d’occasion.

P.L.G. : Malgré cette forte mobilisation internationale autour de la COP23, comment expliquer certains freins budgétaires sur les questions climat en région ?

B.P. : La plus grande partie de la baisse de subventions aux associations environnementales, comme dans les Hauts-de-France par exemple, provient des conseils régionaux. Malheureusement, ces choix régionaux sont peu constructifs car ils opposent les défenseurs de l’environnement entre eux. C’est une aberration. Il y a d’autres choix plutôt bons comment cette volonté de retravailler la PAC (Politique agricole commune), pour limiter les subventions vers les exploitations à haut rendement, pour inciter les agriculteurs à faire une agriculture plus diversifiée qui limite les intrants et les émissions de gaz à effet de serre. Mais n’oublions pas que tout ça prend du temps.