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Une rentrée économique en clair-obscur

Si les prix bas du pétrole soutiennent encore la demande mondiale, la remontée du prix du baril amorcée début 2016 pèsera à terme sur le pouvoir d’achat des ménages.
Si les prix bas du pétrole soutiennent encore la demande mondiale, la remontée du prix du baril amorcée début 2016 pèsera à terme sur le pouvoir d’achat des ménages.

Si les prix bas du pétrole soutiennent encore la demande mondiale, la remontée du prix du baril amorcée début 2016 pèsera à terme sur le pouvoir d’achat des ménages.

Après un été plutôt calme, l’horizon économique s’assombrit déjà. Les principaux problèmes structurels n’ayant pas trouvé de solution au printemps, ils ne pouvaient que ressurgir avec plus d’intensité à la rentrée…

De deux choses l’une : soit il se produit un événement économique catastrophique durant l’été et celui-ci occupe le devant de la scène estivale, soit l’été est relativement calme mais c’est alors à la rentrée que tous les maux économiques refont surface. Et justement, les nuages noirs ont déjà commencé à former un front menaçant en cette rentrée… Un affaiblissement durable de la croissance mondiale Certes, pour l’instant les prix bas du pétrole soutiennent encore la demande mondiale, mais depuis le début de l’année on assiste à une remontée du prix du baril qui, à terme, pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages, mais profitera aux pays exportateurs de pétrole dont les États-Unis. Néanmoins, il faut remarquer que la croissance en Chine et aux États-Unis est devenue poussive, et de plus en plus domestique, en ce sens qu’elle ne s’accompagne plus nécessairement d’une reprise du commerce mondial qui permettrait aux autres pays d’en tirer profit. De plus, les conséquences économiques du Brexit sont encore à venir, mais il est probable qu’en plus d’affaiblir la croissance du Royaume-Uni et de ses principaux partenaires commerciaux, il conduira à une amputation du pouvoir d’achat des salariés en raison de la dépréciation du taux de change de la livre sterling qu’il a engendré. En ce qui concerne la croissance de long terme, comme celle-ci dépend des gains de productivité et de la population active, le ralentissement tendanciel des premiers, à peu près partout et le vieillissement de la population dans nombre de pays, dont l’Allemagne et la Chine, expliquent le pessimisme de nombreux instituts de conjoncture économique. A cela on peut ajouter l’insuffisance chronique d’investissements publics dans les pays émergents, qui empêche le développement industriel, mais ne semble curieusement pas effrayer outre mesure les investisseurs, qui au contraire reviennent en masse sur ces marchés boudés depuis cinq ans… Moins connu, mais pourtant essentiel, l’arrêt de la mobilité des capitaux entre les pays membres de la zone euro depuis 2008 ne semble toujours pas inquiéter les dirigeants européens en cette rentrée 2016. Cela impose pourtant aux États qui ont des déficits extérieurs de comprimer fortement leur demande intérieure, au risque de plonger leur économie dans la récession, puisque les autres États membres refusent de tenir le rôle de prêteurs de fonds. De ce point de vue, on comprend que l’excédent courant allemand croissant est loin d’être un signe de bonne santé de l’économie européenne !

Les Banques centrales au chevet de l’économie

Face aux politiques d’austérité et plus généralement aux erreurs de politiques économiques des gouvernements qui ont contribué à casser la croissance et augmenter le chômage, les Banques centrales se sont lancées dans des politiques monétaires hyper-expansives (quantitive easing, taux d’intérêt négatifs,…) pour soutenir l’économie. Or, lors de leur grand-messe annuelle à Jackson Hole, les banquiers centraux de tous les pays ont mis en avant les limites de la politique monétaire ultra-accommodante (formation de bulles, faible impact sur l’investissement, etc.), que les gouvernements perçoivent, à tort selon eux, comme l’ultime viatique, et plaidé pour la mise en œuvre de politiques budgétaires seules à même de permettre une relance durable. Autrement dit, des tombereaux de liquidités injectés dans l’économie ne pourront jamais résoudre des problèmes structurels comme la faiblesse des gains de productivité, la stagnation des salaires dans de nombreux pays (Japon ou États-Unis), le manque criant de rénovation des infrastructures en Allemagne, etc. Et quant aux banques européennes, quand bien même les récents tests de résistance menés par l’Autorité bancaire européenne (ABE) ont montré une amélioration de leurs fonds propres prudentiels, leur situation globale reste fragile comme en témoignent les attaques fréquentes qu’elles subissent en Bourse. C’est pourquoi, si l’ABE s’est bien gardée de décerner un certificat de bonne santé aux banques qui ont réussi les stress tests, elle ne manque pas de souligner les grandes difficultés de certains établissements bancaires italiens, à l’instar de Monte dei Paschi di Siena (BMPS). En effet, la part des créances douteuses et litigieuses dans les bilans bancaires atteint désormais 18% en Italie, alors qu’il est communément admis qu’au-delà de 1 à 2% les petits problèmes des banques deviennent de grands problèmes pour tout le pays. Et que dire du géant Deutsche Bank, pointé du doigt par ces tests, et qui poursuit sa descente aux enfers ?

Une situation tendue en France En France, les attentats et le climat de peur qui en résulte ont bien entendu pesé sur la saison touristique, à tel point que le gouvernement avait promis, dès le début du mois d’août, différentes aides pour les professionnels de ce secteur, complétées par un plan de communication pour vanter les mérites du tourisme en France… Peutêtre ce dernier arrivera-t-il au moins à faire oublier les nombreux mouvements sociaux (Air France, loi Travail…) qui ont défrayé la chronique, le dernier en date étant celui des agriculteurs, qui ont multiplié les actions pour faire céder le géant Lactalis, accusé de sous-payer le litre de lait. Bien que l’économie française ait créé plus de 60 000 emplois marchands depuis le début de l’année, la croissance du PIB a hélas connu un coup d’arrêt au deuxième trimestre, en raison de la stagnation de la consommation des ménages et de la baisse de l’investissement. Dès lors, si le taux de croissance de 1,5% visé par le gouvernement en 2016 sera un objectif ambitieux à tenir, il peut d’ores et déjà se réjouir de la légère embellie sur le marché de l’emploi, où le taux de chômage a baissé de 0,3%, pour atteindre 9,6% de la population active. D’aucuns remarqueront qu’avec une croissance aussi faible, ce sont surtout les mesures conjoncturelles prises par le ministère du Travail qui expliquent ces bons chiffres (prime à l’embauche, plan massif de formation des chômeurs, etc.). Tout reste donc à faire… Gageons, enfin, que d’autres bonnes nouvelles viendront bientôt s’ajouter à la percée historique d’Alstom dans le secteur ferroviaire aux États-Unis, au rapport de l’IGAS (Inspection générale des Affaires sociales) qui réhabilite les 35 heures ou à l’étude qui démontre l’absence d’effet négatif du salaire minimum allemand sur l’emploi !