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Profession cordiste

Edouard Couriat a créé en 2008 avec Christophe Planas la société Expérience Cordiste à Amiens. Plongée dans l’univers de ce métier pas comme les autres à plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

édouard Couriat avec tout le matériel à portée de main.
édouard Couriat avec tout le matériel à portée de main.
Edouard Couriat au sommet d’une éolienne.

Edouard Couriat au sommet d’une éolienne.

Expérience Cordiste est une entreprise spécialisée dans les travaux d’accès difficile, les travaux en hauteur et les travaux sur cordes ou dits travaux acrobatiques. Elle intervient donc auprès d’industriels, d’entreprises générales du bâtiment, de services, de syndicats de copropriété, de coopératives agricoles, de collectivités locales. « Nous intervenons pour la réalisation de travaux de maintenance et d’entretien en milieu industriel en milieu urbain. Nous couvrons également les activités de protection contre la foudre, de nettoyage et de mise en sécurité des hommes et des édifices », explique Édouard Couriat, 38 ans, ancien universitaire en aménagement du territoire. C’est après plusieurs saisons à la montagne qu’il découvre l’escalade et le travail en hauteur. À ses côtés aujourd’hui dans l’entreprise il compte huit salariés. Certains viennent du milieu sportif de l’escalade, d’autres sont d’anciens couvreurs, maçons, soudeurs ou électriciens. Tous ont passé une formation qui leur apprend à s’équiper, à se positionner et à aller sur la zone à travailler en hauteur. « Il faut avant tout que la personne soit très manuelle et débrouillarde. Être un touche à tout posé et réfléchi est une grande qualité dans cette profession. C’est le profil que l’on recherche et surtout pas des têtes brûlées en quête de sensations », souligne le chef d’entreprise qui admet aussi qu’après 40 ans on ne grimpe plus trop. Vient

Bien équipé, le cordiste doit savoir tout faire: peindre, souder, nettoyer...

Bien équipé, le cordiste doit savoir tout faire: peindre, souder, nettoyer...

temps de la reconversion dans les bureaux en tant que conducteur de travaux ou chargé d’affaires par exemple.

Le vertige ils ne connaissent pas

Parmi leurs missions du moment et par équipe de deux, comme la législation l’impose, ils partent dans un rayon de 300 km autour de la Picardie souder dans un silo de sucre, dépoussiérer une charpente métallique, élaguer quelques arbres, entretenir une éolienne ou changer un paratonnerre. « À Amiens, nous avons travaillé sur plusieurs édifices connus comme la Cathédrale ou la Tour Perret pour des travaux de maintenance et d’entretien. Lors de nos missions, notre matériel est adapté au travail en hauteur. Tout est attaché à nous pour des raisons de sécurité. Donc, il faut que le matériel ne soit pas lourd. Des petits seaux d’eau, des petits outils, une méthode de travail et beaucoup d’allers retours », décrit le cordiste. Les interventions sont ponctuelles, en moyenne elles durent trois à quatre jours. Une journée type débute vers 8h30 au bureau pour vérifier que tout soit prêt dans le véhicule. Le binôme revoit une nouvelle fois le dossier du chantier, le plan de

édouard Couriat avec tout le matériel à portée de main.

édouard Couriat avec tout le matériel à portée de main.

route ainsi que les contacts sur place. « Comme nous travaillons de haut en bas, il nous faut toujours des points d’ancrage. Je dois donc me rendre sur le site au préalable pour étudier tout cela avec le client et voir comment l’équipe peut accéder au sommet et attacher la ligne de vie », ajoute-t-il. Ces cordistes travaillent avec un harnais complet à la ceinture et au torse et deux cordes minimum par personne, une pour le travail et une par sécurité. Des cordes dites statiques, non élastiques, censées toujours être en tension et résister à l’abrasion. Il faut compter une heure d’installation le matin. Une fois la mission terminée et les cordistes arrivés en bas, ils remontent au sommet pour enlever les cordes. « Le travail est parfois difficilement vérifiable du sol, poursuit Édouard Couriat. Alors nons apportons un rapport photos aux clients. Il y a aussi une part de confiance de leur part et d’exigence de la nôtre ».

Le plaisir aussi

Les cordistes travaillent aussi bien en plein air avec une vue imprenable sur les paysages qu’en milieu confiné lorsqu’ils sont envoyés dans des cuves ou des silos. Le salaire est de 2 000 euros en début de carrière. Pas de prime de risque, cela fait partie du métier. Mais c’est tout de même plus de 30% en plus par rapport à un salarié du bâtiment. Les cordistes exercent un métier atypique loin des bureaux et sont parfois l’attraction des villageois lorsqu’ils sont sur la flèche de leur église. Le plaisir est aussi présent dans ce métier insolite. Celui de se retrouver presque seul tout là-haut hors de l’agitation de la rue. Être au calme au-dessus de tout le monde. « J’ai déjà été à 120 mètres de haut, c’est pas mal! La limite c’est la corde. On peut voir des nids. Les oiseaux ont peur de nous. On peut profiter d’un panorama exceptionnel auquel personne n’aura jamais accès, confie le cordiste. Et le soir, assister au coucher de soleil depuis les sommets c’est super ! »