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L'aventure de la reconversion professionnelle

Ludovic Ponthieu a osé et ne regrette pas sa reconversion.
Ludovic Ponthieu a osé et ne regrette pas sa reconversion.

La reconversion professionnelle est une aventure. Il n’est pas simple de se lancer, décider de tout quitter et de tout reconstruire. Financement, formation, famille, il faut savoir bien s’entourer pour ne pas faiblir et continuer de défendre son projet. Rencontre avec des structures d’accompagnement, et des Picards qui ont osé changer de métier.

Vanessa Remars une fleuriste satisfaite de sa reconversion.

Vanessa Remars a mis deux ans pour réaliser sa reconversion professionnelle, elle raconte : « Je travaillais dans la communication, pour une régie publicitaire, les conditions de travail ne me plaisaient plus alors j’ai changé. J’avais une idée d’entreprise : conjuguer l’Art floral et la culture japonaise. » Pour concrétiser son projet Vanessa Remars décide de passer un CAP fleuristerie en un an. « J’ai eu l’opportunité de suivre l’Iream formation, et d’avoir un bon maître de stage, José Boinet m’a pris sous son aile. » Pour se financer, Vanessa Remars a fait fonctionner son droit à la formation et a pris un congé individuel. « J’ai bénéficié de neuf mois de formation tout en continuant d’être salariée titulaire de mon ancien poste, ce qui m’a permis de préparer mon CAP. » Vanessa Remars a pu compter sur le suivi de la CCI, d’un expert-comptable, de sa banque et des ses proches. « Sans mon compagnon, l’aventure n’aurait pas été possible, c’est collectif et important d’être soutenu », certifie la fleuriste. Elle ajoute : « L’expert-comptable m’a aidée à déposer le statut, à effectuer les déclarations à l’Urssaf, c’est un gain de temps et d’énergie considérable. Mon conseiller s’est battu pour que mon projet soit financé. »

Les compétences en marketing et communication de son ancien métier lui ont été utiles. « Je savais vendre et mettre en avant mon dossier. » Le financement et le diplôme en poche, Vanessa a cherché un local, et depuis quatre mois, sa boutique, Hana Mei a ouvert au 6, rue LéonBlum, à Amiens. « C’est même mieux que ce que j’espérais, j’ai de bon retour, et des habitués. » Un coup de poker qui a su trouver ses joueurs.

Art floral japonais et curiosités végétales

Composition florale japonaise de Hana Mei.

Hana Mei propose une gamme de plantes et de fleurs atypiques : « Sensitives, c’est-à-dire que ce sont des végé- taux qui ont développé un système de défense particulier. Par exemple, il y a un mimosa, si on le touche, les feuilles se recroquevillent et la tige tombe comme si elle était morte. Nous avons aussi les champignons écosystème ou les orchidées à tête de petit singe… Cela éveille les sens et la curiosité. » Entre expérience et équilibre, Vanessa Rimars exprime sa passion pour l’art floral japonais. « La composition est très design, c’est une question de lignes et de mouvements. » Car en fleuristerie les lignes sont importantes : calmes, nerveuses, retombantes, cassées… l’art floral japonais consiste a respecter le dynamisme du végétal tout en l’embellissant sans trop le charger. « Chaque composition est mise en valeur par son mouvement, c’est graphique, je les réalise selon mon humeur, chaque semaine l’inspiration et les créations sont différentes. » La fleuriste de Hana Mei présentera bientôt de nouvelles originalités végétales.

Changement de vie aussi pour Ludovic Ponthieu

Ludovic Ponthieu y a pensé aussi et a osé. En 2013, il crée son entreprise ALM, Sport formation basée à l’espace Créatis à Saint-Quentin. Une reconversion positive pour cet ancien fonctionnaire territorial de la ville de SaintQuentin. Avec trois années de recul, ce chef d’entreprise de 36 ans ne regrette rien. Ludovic Ponthieu est un ancien sportif de haut niveau. Il a participé à différents championnats de France, d’Europe et du monde dans la caté- gorie, “pentathlon moderne”. Une discipline sportive qu’il pratique depuis l’âge de 8 ans. En parallèle, le jeune homme obtient le diplôme d’État d’éducateur sportif 2e degré. Et passe le concours de la fonction territoriale. À 25 ans, il entre à la mairie de Saint-Quentin. Il occupe le poste de chef des bassins de la piscine de la communauté d’agglomération pendant huit années, il devient également responsable de la partie pédagogique et du développement du sport pour les personnes handicapées.

Quand la passion devient un métier

« Ma passion c’est la formation et le coaching. Avant de me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai étudié deux ans ce projet de création de centre de formation. Je me suis renseigné, j’’ai osé prendre un risque, cela n’existait pas dans la région. » ALM Sport formation met en place six formations professionnelles, dans le domaine de l’animation, du sport, du secourisme, ou encore de l’habilitation électrique. Aujourd’hui, le chef d’entreprise forme 1 500 personnes par an, entouré de deux salariées et de 24 formateurs vacataires. Ludovic a réussi son projet grâce à sa pugnacité, sa rigueur. « J’ai mis 10 000 euros d’apport dans mon projet pour investir dans le matériel pédagogique et bureautique. Je n’ai pas voulu faire de prêt. Durant deux ans, j’ai travaillé seul. J’ai embauché ma première salariée en 2015 et la deuxième collaboratrice en 2016. Je paye d’abord mes employés et ensuite, je m’octroie un salaire de 1 500 euros. Le cap des trois ans est passé. L’entreprise évolue progressivement et je grandis avec mon équipe », souligne t-il. Même si le chiffre d’affaires d’ALM Sport formation a triplé ces deux dernières années, le chef d’entreprise, qui a rejoint le Centre des jeunes dirigeants de Saint Quentin, garde le cap et souhaite continuer dans la stratégie qu’il s’est imposée. Il souligne : « Il est utile d’être accompagné par des personnes bienveillantes, elles aussi chefs d’entreprise, c’est parfois difficile. »

Dans l’Oise, Initiative Oise accompagne et conseille

Ludovic Ponthieu a osé et ne regrette pas sa reconversion.

L’association Initiative Oise permet aux personnes voulant créer une entreprise ou reprendre une entreprise de bénéficier d’un accompagnement personnel. Accessible à tous, et composé d’expert locaux, il suffit de prendre contact avec l’association. Comme l’explique Olivier Bourdon, directeur d’Initiative Oise Est, basé à Compiègne : « Nous accompagnons les personnes en reconversion professionnelle, qui travaillent sur un projet de création d’entreprise, tant sur la structuration que sur la finalisation du projet. » Un expert en création d’entreprise conseille un créateur, ils réalisent ensemble le business plan et le prévisionnel financier, « l’objectif est vraiment de structure le projet et de s’assurer qu’il est viable ». Le temps du suivi est variable selon le porteur du projet.

Un prêt à 0%

Le projet monté, il passe devant une commission d’experts bénévoles qui apportent leurs avis, selon leurs domaines de compétences. La finalité est d’obtenir un prêt à 0%, sans garantie et ni caution personnelle. « Grâce à ce prêt, le créateur pourra obtenir plus facilement un prêt bancaire », explique le directeur. Il s’agit d’un prêt entre 8 000 et 30 000 euros, suivant le projet. Mais le but est aussi d’accompagner les jeunes entreprises. « Le taux de réussite est de 80%, c’est-à-dire que sur dix entreprises créées, huit resteront actives, après cinq ans », souligne-t-il. L’accompagnement permet de renforcer les chances de pérennité de l’entreprise. Pendant trois ans le chef d’entreprise est suivi sur trois axes : le financement, « nous allons nous assurer que les chiffres réalisés sont ceux qui ont été prévus », l’aspect technique « via des visites en entreprise » et des réunions « les chefs d’entreprise que nous avons accompagnés se rencontrent et discutent autour de thématiques variées ». Trois cent cinquante créations ou reprises d’entreprises ont été financées en 2016.

Accompagner la transition professionnelle

Chaque agence du Pôle emploi dispose de psychologues. Ils accompagnent les candidats dans leur changement professionnel. Ils aident à identifier les problèmes de l’ancienne situation professionnelle et à développer un nouveau projet professionnel. Carole Chauveau, psychologue du travail à l’agence Pôle emploi à Amiens-Dury, explique  : «  Je travaille en complémentarité avec les conseillers du Pôle emploi, je reçois des personnes en changement de projet professionnel. Les gens changent d’orientation pour des raisons très diverses, certains ne peuvent plus travailler dans leur ancien métier. De ce fait, je leur propose un accompagnement qui à pour objectif de formaliser les différentes freins et problématiques en lien avec l’ancien métier, afin de pouvoir mettre en avant un nouveau projet professionnel. Je les guide, avec divers outils de recherche comme Internet, de la documentation, des questionnements et des échanges, parfois avec leurs proches.  » Des rendez-vous réguliers sont organisés, le suivi peut durer plusieurs mois. Cet accompagnement s’adresse aux personnes inscrites à Pôle emploi.