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Antoine-Lécuyer dévoile les pastels de Quentin de la Tour

Premier musée des Beaux-Arts de l’Aisne, le musée Antoine-Lécuyer se distingue par la richesse et la diversité de ses collections permanentes, notamment celles du pastelliste Maurice-Quentin de la Tour.

La grande salle accueille depuis 1933 une exposition permanente.
La grande salle accueille depuis 1933 une exposition permanente.
Le musée est installé dans ce bâtiment néo-classique du XVIIIe siècle depuis 1932.

Le musée est installé dans ce bâtiment néo-classique du XVIIIe siècle depuis 1932.

Souvenez-vous du billet de 50 francs (1976 à 1992). L’image de ce billet reprenait la façade de l’hôtel de ville de Saint-Quentin à laquelle était accolé le visage de Maurice-Quentin de la Tour. Ce Saint-Quentinois (1704-1788) est un portraitiste pastelliste connu à travers le monde. Issu d’un milieu cultivé, il quitte sa ville pour Paris où il entre en apprentissage chez différents maîtres de la peinture. C’est en 1727 qu’il s’installe comme peintre à Paris. En 1735, il réalise le portrait de Voltaire au pastel, ce qui lui assure une grande renommée. Il est surnommé alors « le prince des pastellistes ». Cette technique devient à la mode à partir de 1720 avec le progrès dans la production du verre plat. En effet, le pastel est une poudre colorée déposée sur papier, parchemin, vélin ou soie, qui doit être protégée de tout contact. À sa maturité, Quentin de la Tour est un excellent dessinateur, il acquiert une remarquable maîtrise du portrait au pastel. En mai 1737, il est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture. En 1745, il obtient son brevet de logement aux galeries du Louvre. En 1746, l’artiste est reçu à l’Académie royale en tant que peintre des portraits au pastel. Et en 1750, il deviendra le portraitiste officiel du roi Louis XV et réalisa de nombreux portraits de la famille royale.

Des œuvres léguées à la ville.

Quatre ans avant sa mort, Maurice-Quentin de la Tour revient à Saint-Quentin. Il crée en 1782 une école de dessin qui existe encore aujourd’hui sous le nom d’école de la Tour. Après sa mort, en 1788, son fonds d’atelier et une grande partie de son oeuvre ont été légués à la ville de Saint-Quentin. Une richesse que la ville expose depuis 1856, date du premier musée municipal installé dans l’actuel palais de Fervaques. Afin de présenter le fonds d’atelier de Quentin de la Tour dans un lieu digne et spécifique, un banquier de Saint-Quentin, Antoine Lécuyer, offrit son hôtel particulier en 1877. Le musée Antoine-Lécuyer ouvrit ses portes en 1886. Les pastels occupaient trois salles du premier étage, tandis que la collection d’objets d’art offerte en 1883 par les frères Félix et Josias Le Sérurier était exposée au rez-de-chaussée. L’existence de ce musée fut brève. Pendant la Première Guerre mondiale, alors que les pastels avaient été transportés à Maubeuge par l’armée d’occupation allemande, il fut bombardé et perdit la totalité de ses archives ainsi qu’une partie de ses collections.

Le musée reconstruit

La reconstruction du musée fut confiée à l’architecte Paul Bigot qui venait d’achever le monument aux morts de la ville, secondé par l’architecte municipal Louis Guindez. Les travaux débutèrent en 1928 et le nouvel édifice fut inauguré le 3 juillet 1932. Il recouvra le nom d’Antoine Lécuyer mais pas son architecture d’origine. Tout fut mis au service du fonds de pastels de Quentin de la Tour qui se vit alors doté d’un véritable écrin rappelant le XVIIIe siècle : une grille en fer forgée fermant le jardin et un bâtiment à toiture en terrasse couronnée d’une balustrade, agrémenté d’une rotonde d’angle à larges baies en plein cintre, chacune surmontée d’un mascaron à tête de femme au centre d’un trophée de pinceaux et de pastels. À l’intérieur, l’organisation des collections visait le même but. Ce musée est constitué de douze salles. Les premiers pas du visiteur se font dans une grande salle de 250 m2 sous verrière dans laquelle sont exposées des peintures italiennes, nordiques et françaises, dont deux immenses œuvres d’Antoine Coypel. Cette exposition permanente est arrivée en 1933 et est la propriété du Louvre. « L’objectif de cette grande salle est de donner au visiteur un aperçu de l’art au XVIIIe siècle avant de découvrir les œuvres de Quentin de la Tour », explique Victorien Georges, directeur adjoint de la culture et du patrimoine à la ville de Saint- Quentin. Impatient de découvrir l’artiste local, le visiteur est emmené dans une petite salle évoquant les porcelaines japonaises et chinoises du XVIe au XVIIIe siècle. Enfin, Maurice-Quentin de la Tour se dévoile. Trois salles lui sont dédiées dans lesquelles le visiteur découvre des portraits, des esquisses et des œuvres inachevées. « Regardez ces pastels : ils ressemblent à s’y méprendre à des photos ! », s’exclame Victorien Georges, ébahi à chacune de ses visites. Le directeur adjoint raconte avec passion les œuvres de Quentin de la Tour.

L’oeuvre sous les projecteurs

La grande salle accueille depuis 1933 une exposition permanente.

La grande salle accueille depuis 1933 une exposition permanente.

En poursuivant la visite, deux salles sont consacrées à l’évolution du pastel des XIXe et XXe siècles, un art qui revient en force avec Renoir et Degas. Qu’en est-il aujourd’hui ? « Des artistes travaillent encore le pastel. Un certain nombre d’entre eux habitent la région. » L’école de la Tour assure aussi cette pérennité auprès du public, qu’il soit jeune ou adulte. « Nous accueillons des groupes scolaires que nous sensibilisons à l’art et au pastel. Cette sensibilisation démarre dès la maternelle. »

La visite du musée Antoine-Lécuyer se termine au sous-sol avec une collection d’objets en ivoire et en faïence française et étrangère, une Vierge Marie en bois du XIIIe siècle, un triptyque de la Première Guerre mondiale et des tableaux d’un autre artiste peintre saint-quentinois, Amédée Ozenfant (1886-1966). Il est peu connu du grand public, mais il a travaillé la notion du purisme avec Le Corbusier.

Pour attirer les visiteurs à franchir le seuil, le musée a installé, sur les grilles extérieures, de larges tableaux reprenant les plus beaux chefs-d’oeuvre du musée. « Chaque tableau a été soigneusement sélectionné pour un détail à partir duquel une histoire, une anecdote, une définition ou une analyse est présentée. » Une invitation à découvrir le musée autrement et à franchir ses portes afin d’y découvrir les œuvres dans leur intégralité.

Informations pratiques :

–Horaires : en semaine de 10h à 12h et de 14h à 17h ; le samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h ; le dimanche de 14h à 18h. Fermé le mardi et le dimanche matin.
–Tarif : 2,63 €
–Tarif réduit  : 1,62 €pour les enfants de 6 à 16 ans, étudiants, groupe de 15 personnes minimum.
–Tél : 03 23 06 93 98
–Site internet : www. museeantoinelecuyer.fr