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Le franc succès du micro-lycée amiénois

Installé au sein de la cité scolaire Delambre-Montaigne, le micro-lycée amiénois, initié pour répondre au décrochage scolaire, effectuera sa troisième rentrée en septembre 2015. Grâce à une pédagogie adaptée et des modules à effectifs réduits, la structure s’est imposée dans le paysage de l’enseignement.

Lors des portes ouvertes du micro-lycée, 14 jeunes ont passé un premier entretien d’admission.
Lors des portes ouvertes du micro-lycée, 14 jeunes ont passé un premier entretien d’admission.
Lors des portes ouvertes du micro-lycée, 14 jeunes ont passé un premier entretien d’admission.

Lors des portes ouvertes du micro-lycée, 14 jeunes ont passé un premier entretien d’admission.

Installé dans un bâtiment du lycée Delambre à Amiens-Nord, le microlycée, créé en 2013, accueille désormais 60 élèves, soit 23 filles et 37 garçons, dont 85% sont majeurs. Fruit d’une collaboration étroite entre le rectorat, le conseil régional et la préfecture, ce projet expérimental a immédiatement convaincu, au point de faire des émules dans la région. « Il y a eu une vraie dynamique pour lutter contre le décrochage, avec un constat : si les jeunes ne sont pas ici, ils ne sont nulle part. Nous sommes là pour recréer les conditions de la réussite », explique Philippe Delignières, coordinateur de l’organisme.

Aujourd’hui le micro-lycée propose cinq modules de 15 élèves chacun (seconde, première, bac pro commerce, technologique STG ou mercatique et général). Pour entrer au lycée, deux entretiens sont nécessaires.

Reprendre confiance

« Il faut que les jeunes réapprennent le métier d’élève, souligne Philippe Delignières. Les premières semaines sont difficiles, il faut que tout se remette en place, être présent en cours, ne pas arriver en retard…», ajoute-t-il. Éloignés du système scolaire depuis 20 mois en moyenne, ces jeunes, âgés de 16 à moins de 25 ans, arrivent ici dans une démarche de rescolarisation, de formation, mais aussi de reprise de confiance en soi. Pour cela la pédagogie de l’établissement s’articule autour de trois axes : stabilité, proximité, flexibilité.

Une formule qui a séduit Victor, 19 ans. « J’ai un peu fait les choses à l’envers, sourit le jeune homme qui vient de passer un second entretien. Je pensais qu’une fois que j’aurais le permis et une voiture, ce serait plus simple et j’ai abandonné l’école. » Le futur élève a entendu parler du micro-lycée par des amis qui ont fait un passage ici. Motivé, il souhaite « expérimenter ça moi-même » et passer un bac pro commerce en un an. Après ? Il pense à se lancer dans la vente de voitures : « J’ai déjà de l’expérience là-dedans », assure-t-il.

Pédagogie adaptée

L’ensemble des enseignants qui pratiquent entre ces murs sont volontaires. Tous sont animés par une envie de transmettre leurs savoirs autrement. « Je bénéficie ici d’une grande liberté tant que je respecte le pro- gramme », explique Annelyse Clouet, professeur d’anglais de la seconde au bac pro. « L’objectif n’est pas le même pour tous : il faut s’adapter au niveau de chacun, individualiser le plus possible l’enseignement, les encourager et les motiver », ajoute-telle. La classe n’est pas un endroit statique où rien ne doit bouger. Les élèves peuvent prendre leur temps, faire une pause en salle de vie pour mieux se reconcentrer ensuite. « Il n’y a pas de drames, pas de tensions, c’est un véritable luxe », souligne Annelyse Clouet.

Pour fluidifier encore un peu plus l’apprentissage, les professeurs d’anglais et d’espagnol ont même instauré des passerelles entre leurs matières pour « aider les jeunes à trouver ce qu’ils cherchent ».

Le micro-lycée s’appuie également sur les nouvelles technologies, « outil facilitateur mais pas central », selon Philippe Delignières qui souhaite avant tout « requalifier et reconstruire » ces jeunes au parcours complexe.